Posté le 1 septembre 2022 par La Rédaction

Si les murs pouvaient parler, ils diraient bien des choses. L’adage bien connu se vérifie plus que jamais au château de Bohas.

Monument du XIVe siècle, l’ancienne place forte vraisemblablement construite par Guyot de Nancuyse à partir de 1 370 connut de nombreux propriétaires en 652 ans. Tour à tour propriété des seigneurs de Bohas, de Coligny et de Buenc jusqu’à la Révolution, le château vit peu à peu sa structure évoluer, avec notamment de grands travaux sous l’impulsion de François Loubat (1630-1683) qui firent notamment sortir de terre les deux pavillons d’entrée encore très bien conservés aujourd’hui. Parmi les propriétaires, nous retiendrons également Claude-Marie Loubat de Bohan qui épousa Marie-Françoise de Saint-Germain, héritière de l’hôtel de Saint-Germain à Bourg, en lieu et place de la mairie actuelle. Après avoir racheté le château en 1766, il le léguera à son fils à sa mort en 1 792 qui fut emprisonné durant la Révolution comme « ex-noble à la conduite sourde et clandestine ». Échappant de peu à la guillotine, il fut libéré en août 1794 à la chute de Robespierre et se retira au château de Fleyriat. Ancienne position stratégique permettant de surveiller la route reliant Bourg et Nantua, le château de Bohas fut endommagé durant la Révolution, les habitants ayant entrepris de démolir les tours du château pour les rabaisser au niveau du logis. Succédant à son frère après son décès, Jean-Claude Loubat fut l’occupant suivant du château. Il devint également maire de la commune, comme le seront par la suite plusieurs de ses successeurs, redoublant pour certains d’efforts pour rénover le château au fil des décennies. Le château vécut ses plus belles années jusqu’au 17 juillet 1944, date à laquelle une colonne allemande venant de Neuville-sur-Ain se rendit au château à la recherche de « terroristes » dans le cadre de l’opération Treffenfeld. Ne trouvant rien, ils incendièrent la demeure ainsi que plus de 600 habitations dans toute la région.

Un bel endormi

Toujours en ruine, ce qui fut l’une des places fortes majeures de la région est aujourd’hui la propriété de monsieur et madame Pierre Dubourget. Ces derniers occupent les pavillons d’entrée dans lesquels ils ont notamment aménagé un gîte, et ouvrent les lieux de temps à autres pour des événements culturels. Après avoir survécu aux affres de l’histoire pendant 574 ans, Bohas est aujourd’hui en sommeil depuis 78 ans, attendant patiemment l’occasion de faire son retour dans la grande histoire de France. Qui sait, si de vie d’homme, nous pourrons un jour revoir ses tours dominer la vallée. Visibles à distance, les ruines du château ne sont pas sécurisées mais peuvent être observées de loin tous les jours de l’année.

237 route de Bourg à Bohas-Meyriat-Rignat