Posté le 2 mars 2023 par La Rédaction

Né en Tunisie en 1954, le jeune Ali Abed arrive en France en 1976 après avoir fait quelques séjours en Syrie et Lybie. À Lyon, il entreprend des études de psychologie puis rejoint Bourg où il effectue sa carrière en tant que directeur du service accueil médiation et intégration à ALFA3A. Pratiquant couramment l’arabe littéraire, et maîtrisant les différents dialectes des pays arabes, il prête serment en 1988 en tant qu’interprète traducteur et devient expert judiciaire près de la Cour d’appel de Lyon. Pour Ali Abed, l’humain est au cœur de son travail. « L’interprète est un décodeur de mots, de pensée, d’émotion et de culture, face à la personne concernée, et à ce moment-là, on est loin de la machine qui, dit-on, pourrait nous remplacer. »

Ali Abed est souvent demandé par la police, la gendarmerie, le tribunal, mais aussi les notaires et travailleurs sociaux, le centre pénitentiaire… L’interprète préfère travailler en « présentiel avec toujours ce moment au début de mise à l’aise ». On revient à l’émotion, l’intonation, les silences… lesquels sont atténués au téléphone. Un outil bien pratique quand, par exemple la gendarmerie qui a besoin de ses services est située à Gex ou Montluel. Au tribunal, c’est encore une autre situation, Ali retranscrit ce que disent le juge, éventuellement les témoins, la réponse de la personne concernée, le réquisitoire du procureur… « Et tout cela en direct, un sacré exercice qui fait monter l’adrénaline. » Il semblerait que ses prestations soient positives au regard des demandes, depuis des années, des différents organismes.

Autre volet du travail de l’expert, la traduction de l’arabe au français, et inversement, de documents officiels pour des institutions et des personnes privées, notamment tous les actes d’état civil. Dans certains cas, le traducteur redevient bénévole, mais tout aussi attentif quand il a en face de lui des personnes âgées et/ou illettrées qui viennent à sa rencontre pour une traduction, ou la lecture : d’un document. « Là, je deviens un peu écrivain public. Je ne peux pas ne pas rendre ce service à ces personnes fragiles, qui plus est que je connais depuis longtemps » nous révèle Ali Abed avec émotion.