Philosophe, poète, historien et homme politique, Edgar Quinet né le 17 février 1803, dans la rue Samaritaine, en centre-ville de Bourg-en-Bresse, méritait bien une statue… qui a disparu en 1943 !
Edgar Quinet commence sa carrière comme professeur au Collège de France, avant de devenir député de l’Ain à l’Assemblée constituante, puis législative après la révolution de 1848. Exilé en Roumanie, puis en Hongrie après le Coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, il revint en France en 1871 pour y être élu à l’Assemblée Nationale avant de mourir à Paris le 27 mars 1875. Plusieurs statues ont été érigées en l’honneur de cet illustre personnage. La première, commandée par sa ville natale, fut inaugurée le 14 mai 1883 à l’extrémité du jardin des Quinconces, à l’actuel emplacement du Monument aux Morts. Œuvre du sculpteur parisien Aimé Millet (1819-1891), la statue était dressée sur un imposant socle en pierre blanche. Deux répétitions furent présentées, l’une en bronze au salon de 1885 et l’autre en plâtre bronzé à l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, en même temps que la tour Eiffel. En 1925, l’originale fut déplacée sur l’actuelle place Edgar Quinet afin de réaliser la construction du monument commémoratif de la Première Guerre Mondiale, sculpté par Alphonse Muscat.
Enlevée par les Allemands
En 1943, la statue de Quinet disparaît, enlevée par les Allemands afin d’être fondue. Le 11 novembre de cette même année, des actes de résistance s’organisent à travers le département. Un acte de bravoure en particulier marque la population de Bourg-en-Bresse : André Lévrier et un groupe de maquisards érigent un buste de Marianne sur le socle laissé à nu de la statue disparue. On pouvait y voir les initiales RF ainsi qu’une croix de Lorraine peinte sur un drapeau tricolore et l’inscription « Vive la IVe ». La statue d’origine n’est connue aujourd’hui que par des photos d’archives mais son socle a été retrouvé et remonté dans la cour du lycée Edgar Quinet en 1987. À l’occasion des cent ans de l’établissement en 1988, une nouvelle statue y vit le jour. Œuvre de Martine Clerc en ciment aluminé, elle montre l’homme debout, dans une posture empreinte de fierté, posant à côté de son piédestal. Preuve que, quelle que soit l’adversité, la culture retrouve toujours son chemin, même sous les bombes.
Source › Archives départementales de l’Ain
www.chasseautresor.ain.fr
