Posté le 15 juin 2021 par La Rédaction

Charline Courtois est diététicienne à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) depuis 2018.
Elle est notamment en charge des athlètes de l’Équipe de France de natation synchronisée, de gymnastique artistique et rythmique qui disputeront les JO de Tokyo.

Comment avez-vous intégré l’INSEP ?

Après 15 ans de gymnastique artistique dont 5 ans au pôle d’Aix-les-Bains, je me suis dirigée vers un DEUST, métier de la forme à Lyon. C’est un diplôme préparant au coaching sportif autour de la musculation et de cours collectifs. Au terme de mes deux années de formation, j’ai obtenu un BTS diététique avant de me spécialiser en Licence Nutrition du sportif durant trois ans. Puis j’ai effectué un stage de cinq mois à l’INSEP. Un an plus tard, j’ai intégré le site, et depuis, je navigue entre Bourg et Paris, le mardi et le mercredi à partir de 8h30 pour les consultations. Mes journées ne se ressemblent pas et c’est passionnant.

Comment préparez-vous les Jeux Olympiques avec les sportifs de haut niveau ?

Malheureusement, je ne vais pas les accompagner à Tokyo. Le staff est réduit au maximum à cause de la pandémie, mais au mois de juin, mes nageuses vont faire le Tournoi de Qualification Olympique à Barcelone pour les JO. Je vais sûrement les accompagner pour ces prochaines échéances. L’objectif pour ces athlètes est d’avoir un rapport masse musculaire et masse grasse optimale en privilégiant une silhouette cohérente que demandent les sports artistiques.
Ce travail se fait toute au long de l’année. Dans les sports artistiques par exemple, le rapport au poids et à l’alimentation est très compliqué car les filles ont 40 heures d’entraînement par semaine, et ont beaucoup de pression sur leurs épaules. À la sortie de leur entraînement, le seul réconfort et surtout accessible facilement, c’est l’alimentation, mais le corps c’est leur performance, donc il est très compliqué de lier les deux. C’est une éducation que je mène depuis trois ans. Aujourd’hui, elles sont prêtes physiquement pour participer aux prochaines compétitions.

Quel est le programme nutritionnel ?

Je n’établis pas de régime ou de perte de poids, mais plutôt un cahier des charges. Lors de nos premières rencontres, j’effectue un protocole alimentaire individualisé que je réajuste toute l’année en fonction des échéances et des charges d’entraînement. Puis j’effectue des entretiens au minimum une fois par mois pendant trente minutes sur leurs lieux d’entraînements. J’échange chaque semaine avec les entraîneurs, les préparateurs physiques, les médecins et je fais des bilans régulièrement sur leur hygiène de vie. Cela comprend la discipline, le sommeil, le cycle menstruel ou encore la contraception chez les femmes, car la régulation de poids se fait par ces facteurs.
Je travaille également avec le laboratoire de recherche de l’INSEP sur l’optimisation de la performance. Tous mes conseils seront différents suivant les sports, l’environnement et les âges.

Depuis la pandémie, les pratiques des sportifs ont-elles évolué ?

C’est très compliqué. Les Tournois de Qualification Olympique des jeunes filles en natation synchronisée ont été repoussés trois fois, donc il est difficile dans leur tête de faire du sport sans objectif à la clé. Il y a eu de nombreux sacrifices et leur corps n’était pas habitué non plus au repos. Elles sont, pour la plupart, dans l’eau du matin jusqu’au soir pendant huit heures. La charge mentale et physique est importante et forcément, la motivation se perd. Lorsque tout s’arrête, elles s’alimentent moins bien. Je les encourage à ne pas baisser les bras, à prendre confiance en elles et j’essaye de les rassurer et trouver des solutions pour qu’il y ait moins de compulsions alimentaires.

Quels conseils donneriez-vous à vos athlètes pour optimiser leurs performances lors de ces Olympiades ?

De ne pas changer leurs habitudes alimentaires et hydriques. Ils pourront se faire plaisir sur leurs terrains de jeux et en profiter.
Les JO, c’est le rêve de tout sportif et pour réussir, il faut être bien dans sa tête et dans son corps.