Posté le 30 septembre 2021 par La Rédaction

C’est un heureux concours de circonstances qui a amené Omar El Khabchi vers la Langue des Signes Française (LSF). Brillant élève du Lycée Edgar Quinet, il fait un stage de fin d’année à l’Institut des Jeunes Sourds, avant de passer et d’obtenir son Bac S. « Ce fut comme un déclic en moi, certainement le déclencheur pour la suite de mes études et ma future vie professionnelle ». Très vite Omar ressent « qu’être au milieu de cette communauté, pour moi c’était un plus, j’étais vraiment fasciné. J’ai compris que je devais communiquer et apprendre la langue des signes française ».

C’est à Paris que le jeune Bressan s’installe, il entre à l’Université des Sciences du Langage, pour préparer un double Master d’interprétariat et d’enseignant. « Je veux m’investir durablement dans cette voie, cette langue des signes, c’est aussi la mienne. Traduire, enseigner, c’est enthousiasmant. » Omar est intarissable sur le sujet de la langue des signes française, « si j’avais la possibilité je ferais tout pour que la langue des signes soit universelle et qu’elle soit enseignée dans les écoles. C’est une langue vivante à part entière ! ». Le jeune étudiant est persuadé « que ce serait une ouverture vers la tolérance et la compréhension. De plus, poursuit Omar, « ce pourrait être important pour l’équilibre de l’enfant, car, lorsque vous parlez en langue des signes, il n’y a pas que les mains qui bougent, il y a aussi tout une gestuelle, il y a aussi l’expression du visage, l’inclinaison de la tête…, la langue des signes c’est un tout ». Avant d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, Omar comme tant d’autres étudiants, doit travailler pour payer ses études, ses transports, son loyer, sa nourriture, se vêtir, « vivre sans rien demander et devoir à personne ». C’est dans un commerce alimentaire du quartier de la Neuve, spécialisé dans le surgelé, que le futur traducteur exerce son talent, « merci à cet employeur d’avoir bien voulu m’accepter et pour lequel je me donne à fond pour la société comme pour les clients ».

omar el khabchi

Avec opiniâtreté et obstination, Omar veut voir évoluer vers une totale reconnaissance la langue des signes française. Récemment, il a pu tourner dans quelques clips vidéo pour une émission de France 5 « l’œil et la main ». Cette approche de la caméra lui a donné l’idée de contacter TF1, pour un reportage qui passera bientôt dans le cadre du journal télévisé. Les projets pétillent dans le cerveau du jeune homme. Ce passionné de littérature achève un ouvrage consacré à son enfance « j’ai un besoin permanent de communiquer aussi bien en gestuelle qu’avec une plume. » Bien des choses, selon Omar El Khabchi « doivent évoluer pour le confort des malentendants ». Un détail le frappe « c’est totalement absurde lors d’une allocution télévisée d’un dirigeant de mettre dans un petit cadre au bas de l’écran le traducteur en langue des signes française ; je puis vous assurer que les malentendants sont obligés de se lever, de mettre le visage au plus près de l’écran pour comprendre. Ce serait tellement simple de faire différemment, faut-il que les réalisateurs en soient informés ». Dans quelques mois, Omar entrera dans la vie professionnelle « je m’y prépare tous les jours ».

En attendant, le jeune étudiant continue à se parfaire dans la langue des signes, il vérifie sa gestuelle « le visage aussi qui donne des émotions justes et sincères ». Sûr que l’ancien élève du Lycée Edgar Quinet accompagnera de toute sa force, de tout son cœur, la communauté sourde dans une société difficile et impitoyable.