Posté le 3 septembre 2021 par La Rédaction

À l’heure de la rentrée, tour d’horizon de l’actualité de la JL Bourg en compagnie du président Julien Desbottes.


Président, pour la première fois depuis longtemps, la rentrée des classes de la JL Bourg était un peu un saut dans l’inconnu. Vous avez découvert beaucoup de nouvelles têtes ?

C’est vrai qu’on avait pris nos petites habitudes depuis cinq ans. C’est assez excitant et c’est dynamisant de pouvoir intégrer des personnes qui viennent avec des ambitions élevées, qui ont eu envie de quitter des clubs classés devant nous pour nous rejoindre. Cela signifie beaucoup de choses, ça témoigne de nos ambitions, ça me plaît.

Après le cycle incarné par Savo Vucevic et Zachery Peacock, vous entamez un nouveau chapitre. Cette équipe possède une identité totalement nouvelle : on passé d’un groupe très balkanique à un effectif très américanisé, avec une forte base tricolore. Quel est votre regard dessus ?

Pour moi, la marque de fabrique est surtout l’ossature française. La nationalité des étrangers n’a fondamentalement pas d’importance à mes yeux mais ça fait longtemps que nous souhaitions avoir une base française la plus solide possible. Malheureusement, ça n’avait pas toujours été rendu possible par nos moyens économiques ou une notoriété qui restait à acquérir. Cette saison, sans faire outrage à ceux qui sont passés avant, je pense que l’on a la plus belle ossature française de l’histoire du club. Cela m’anime beaucoup dans la volonté de poursuivre sur cette voie, essayer de faire en sorte qu’ils soient performants pour mener le reste de l’équipe. Cette touche française est une grande nouveauté pour nous, c’est sous cette angle-là que je vois les choses. L’autre vrai choix que l’on a fait, c’est de ne pas partir sur un effectif à 12 ou 13 joueurs malgré la lourdeur du calendrier. Nous avons préféré concentrer nos ressources sur 10 joueurs interchangeables ou presque, qui peuvent tous apporter quelque chose. C’est un choix fort, celui de la concentration, pour que chacun ait des minutes sur la saison. Cette équipe me plaît beaucoup, le timing était bon pour tourner la page et j’espère que l’on pourra connaitre des bons moments le plus vite possible.

Savo Vucevic a permis à la JL de se pérenniser dans l’élite. L’objectif est forcément de faire mieux maintenant ?

Tout à fait. Quand nous sommes remontés en Pro A, il fallait d’abord s’installer dans la division. On  s’est assez vite projeté vers la première moitié du classement, en tutoyant le Top 8 avec deux 9e place d’affilée. Là, nous avons été deux fois 5e. Il y a toujours un enjeu dans le sport : c’est de faire au moins aussi bien, voire mieux, que les années précédentes. Sans se mettre la pression, nous avons des joueurs qui sont venus pour cela : faire a minima aussi bien que les deux dernières années. Mais la concurrence travaille aussi et est très rude.

L’un des évènements marquants de l’été fut le renouvellement en EuroCup pour une deuxième campagne continentale d’affilée. Dans une compétition nouvelle formule, la JL figurera dans un groupe extrêmement relevé…

Nous avons la chance d’avoir au moins deux magnifiques équipes européennes dans notre groupe avec Valence et Bologne, deux clubs à très forte renommée internationale. J’aime bien cette nouvelle formule d’EuroCup, cela reste une coupe dans le sens où il n’y a pas 35 matchs mais elle ne laisse pas de place au hasard. Or, comme nous sommes plus un club de fondamentaux que de paris, c’est une formule qui doit nous amener à réussir et performer. Nous avons été tellement frustrés de disputer l’EuroCup à huis-clos l’an dernier que j’espère que les supporters pourront venir voir notre équipe, sous couvert de pass sanitaire évidemment. Quand on voit un JL Bourg – Valence par exemple, cela représente quelque chose pour tous les amateurs de basket. C’est bien d’être dans leur cour, cela montre que notre courbe de développement est positive et nous emmène très proche du très haut niveau.

Le public est donc amené à revenir durablement à Ékinox cette saison ?

C’est encore compliqué à dire… Évidemment, s’il n’en tenait qu’à moi, je ne vois pas pourquoi on empêcherait les gens qui ont le pass sanitaire de venir s’ils le souhaitent.

Après 18 mois de crise sanitaire, comment se portent les finances du club ?

Nous avons quand même été un peu déficitaires l’année dernière au final. Particulièrement au niveau de l’EuroCup, les coûts de déplacements ont été beaucoup plus chers que les formats antérieurs. Par exemple, pour aller à Venise, il a fallu passer par Amsterdam. Le Top 16 a entraîné trois déplacements supplémentaires avec zéro recette de public en face. Mécaniquement, la saison a été un peu dure mais nos partenaires nous ont accompagné, nos abonnés sont là. Fort de ce soutien, il n’y a pas de raison que l’on ne se projette pas sur des perspectives ambitieuses. C’est le pari que j’ai fait, un peu plus risqué que dans un contexte classique évidemment mais je pense qu’il est mesuré. On a travaillé pour avoir des réserves économiques, il faut savoir s’en servir parfois. On ne peut pas accueillir un coach comme Laurent Legname, premier de la saison régulière deux ans de suite, et ne pas lui donner les moyens de construire une équipe ambitieuse. Une fois que l’on commence à prendre un virage, ce n’est pas pour s’arrêter en pleine courbe. C’est le choix que l’on a fait économiquement, j’espère qu’il va porter ses fruits.

Desbottes
©Christelle Gouttefarde

En juin dernier, vous avez été le quatrième club français à être récompensé du Label Or par la Ligue Nationale de Basket. Si cela reste anecdotique aux yeux du grand public, ça ne l’est évidemment pas pour vous ?

C’est très important pour récompenser tous ceux qui passent du temps et qui s’engagent pour que le club soit bien structuré sous tous rapports, à savoir Fabrice Pacquelet et Frédéric Sarre. Effectivement, ce ne pas quelque chose d’anecdotique pour le monde du basket et pour les joueurs en particulier. Cela représente la qualité que l’on peut mettre dans tous les domaines au sein du club. On n’est pas allé chercher le label or pour avoir le label or, on l’a eu car on croit dans le fait que mettre de la qualité dans toutes les strates du club nous permettra d’avancer. C’est parce que c’est une conséquence de notre travail que c’est une récompense. Seulement quatre clubs ont obtenu l’or : malheureusement, Chalon est descendu, j’espère que ce ne sera que temporaire car c’est dommageable pour notre sport mais quand on voit les autres lauréats (ASVEL et Strasbourg), on voit bien que ce sont des clubs de haut-niveau. J’aime à croire qu’avoir ce label est un gage de pérennité de notre club. Cela montre que nous appartenons au top du basket français et j’espère que c’est parti pour durer.

Vous avez également changé d’équipementier en convaincant Nike de vous rejoindre…

Ça me donne le sourire ! On a toujours eu une politique identitaire, pour être différent des autres. Que Nike saisisse cela, le perçoive et privilégie Bourg par rapport à d’autres clubs, cela signifie que nos signaux sont captés, au-delà peut-être de ce que l’on peut imaginer. Nous sommes comme les gens de notre territoire : travail d’abord, humilité ensuite et célébration de temps en temps (il rit). Cela me plaît beaucoup qu’une marque comme Nike reconnaisse nos valeurs et adosse son image à la nôtre. Ce serait différent si dix clubs de Betclic ÉLITE jouaient en Nike mais ce n’est pas le cas. Les signaux sont convergents de notre attractivité et de notre évolution, c’est pour ça qu’il faut que l’on aille au bout et c’est pour ça que l’on a encore construit un budget ambitieux.

On ne sait toujours pas où le championnat sera diffusé cette année. La JL se prépare-t-elle à reconduire sa production télévisuelle ?

J’aime bien l’idée de rendre notre sport accessible au plus grand nombre. Mais je pense aussi qu’il doit vraiment être mis en valeur au niveau télévisuel. Le basket est un sport reconnu à l’échelle planétaire, comme peu de sports peuvent l’être, et pourtant, il n’a pas le rendu télévisuel qu’il devrait avoir, c’est sûr. La plateforme LNB TV me convient bien mais je pense qu’il faut y mettre de la qualité derrière, sans quoi le rendu est décevant. S’il est médiocre, il n’intéressera que les spécialistes et le but de la télé est d’élargir le champ, pas de s’adresser une énième fois à ceux qui sont déjà des passionnés. Si cela doit continuer sous ce format-là, qui ne me déplaît pas en tant que tel, la JL continuera à y mettre les moyens. C’est 2 000€ par match, c’est quand même considérable. Nous n’aurons peut-être pas 17 matchs à produire mais ça tourne vite, très vite. Je pense que cette logique est bonne mais il faut rapidement qu’on la monétise. Puisque ça s’adressera à des passionnés, il faudrait qu’ils payent 2€ par mois afin que ça puisse aider les clubs à rentabiliser cela et à mettre de la qualité à tous les niveaux. On n’a que des bonnes raisons de penser que l’on peut faire mieux que ce que l’on fait actuellement : tout le monde aime le basket, tous ceux qui viennent à la salle trouvent ça génial, nous avons deux équipes de France médaillées aux Jeux Olympiques… Mais c’est clair que dorénavant, les gens sont plus intéressés par Messi et Mbappé au PSG que par le PSG et le foot en lui-même. C’est pour cela qu’il nous faut des clubs comme l’ASVEL et Monaco, on a besoin de clubs qui font venir des talents et parviennent à les ancrer en France. Nous sommes contents de le faire à notre échelle en gardant Axel Julien sur le territoire français, c’est notre petite pierre à l’édifice.

Au niveau sociétal, la JL semble s’engager sur la voie de l’écologie en supprimant enfin les bouteilles plastiques de ses entraînements et en passant à des voitures électriques. Cela résulte d’une vraie volonté de passer au vert ?

Quand on a regardé rétrospectivement l’avancée de notre projet lancé il y a une dizaine d’années, on a vu que l’on avait progressé dans beaucoup de domaines et on s’est dit que l’on pouvait être force d’exemple et montrer la voie en terme de responsabilité sociétale des entreprises, surtout grâce à l’accroissement récente de notre notoriété. Nous nous sommes fermement engagés dans cette voie, on va créer une fondation autour de ça. Cela commence effectivement via du 100% électrique sur nos voitures et la mise en place de fontaines à eaux. Toute une politique RSE va se déployer dans les années à venir, c’est l’axe sur lequel on va prioriser notre développement hors terrain dans le futur.

Alexandre Lacoste