Posté le 1 septembre 2022 par La Rédaction

Qui est Frédéric Fauthoux, le nouvel entraîneur de la JL Bourg ?

« Qui sait si l’on ne pourrait pas créer la surprise afin que je décroche mon dixième titre ?! », rigole Frédéric Fauthoux au téléphone en ce lundi de fin juillet, cerné par les bruits de poule qui bercent son quotidien estival dans son village d’Horsarrieu. Nonuple champion de France, le nouvel entraîneur de la JL Bourg est l’un des plus beaux palmarès du basket français. Avant de poser ses valises dans l’Ain, il a pris le temps de se raconter au micro de Ma(g)ville. 

« Je suis originaire d’Horsarrieu, un village de 600 habitants dans les Landes. C’est un endroit extrêmement important pour moi, j’y reviens tous les étés afin d’y passer la quasi-totalité de mes vacances. À Horsarrieu, il n’y a qu’un seul sport, le basket. Ça fait 40 ans maintenant, voire même un peu plus, mais j’ai commencé tout petit, en jouant avec les copains. Tous les habitants étaient investis dans le club, soit en tant que joueur, soit en tant que coach, soit en tant que dirigeant, soit en tant que bénévole. Tout tournait autour de ça. J’étais destiné en équipe première d’Horsarrieu, j’ai pu le faire à 15 ans, en Pré-nationale (sixième division, ndlr), avant de partir à l’INSEP, puis lors de mes cinq dernières années (de 2007 à 2012).»

« L’impression de vivre un rêve éveillé à l’Élan Béarnais »

À Horsarrieu, on grandit aussi avec l’image de l’Élan Béarnais, puisque l’on est à 20 minutes d’Orthez, à 45 minutes de Pau. J’ai pu y passer les 18 saisons de ma carrière professionnelle et j’ai presque eu l’impression de vivre un rêve éveillé. Mon rêve était de jouer à l’Élan Béarnais avec des joueurs comme Freddy Hufnagel, Paul Henderson, les frères Gadou. En plus, c’était l’époque où le club gagnait énormément : 14 trophées lors de mon parcours. Au début de chaque saison, l’objectif était de remporter un titre et on l’a souvent fait donc c’était top. Avec le recul, je m’aperçois que ce l’on a accompli était super car ce n’est vraiment pas simple de gagner. Surtout que l’on jouait dans une grande salle, le Palais des Sports, souvent pleine, la pression existait. Mais on a partagé des émotions avec les gens, avec nos familles. Je souhaite à beaucoup de monde de vivre ce que j’ai vécu en tant que joueur lors de cette époque-là. Même si j’ai eu deux – trois contacts ailleurs, je ne voulais absolument pas bouger de Pau-Orthez car cela représentait trop. J’étais bien là où j’étais, même si je n’ai jamais eu la chance d’être n°1 en début de saison. Ce qui m’intéressait était de gagner avec mon club et on l’a fait. 18 saisons d’affilée dans le même club, on ne le verra plus car les mentalités ont évolué, les joueurs veulent changer. Parfois, je me dis que c’est bien dommage car pour construire un projet dans un club, il faut des joueurs fidèles afin de partager des valeurs essentielles dans la vie d’une équipe. Je ne sais pas si c’est mieux ou moins bien, mais c’est différent aujourd’hui.

Comme ici en 2003 avec Fred Sarre comme coach, Freddy Fauthoux (en bas à droite) a été champion à sept reprises avec Pau (photo : Élan Béarnais)

Lors de ma carrière, je suis venu affronter la JL Bourg à plusieurs reprises dans l’ancien gymnase et je me rappelle d’une salle très compliquée à jouer. On savait que c’était très difficile d’y gagner car le contexte était particulier. Il fallait deux vestiaires pour une équipe car ils étaient trop petits. La salle était très serrée, c’était plein à chaque fois. Pour peu que les scolaires aient joué l’après-midi, on nous lavait le terrain avant le match car il y avait trop de poussière (il rit). En tout cas, je n’en garde que des très bons souvenirs car ça s’est toujours bien passé et ça fait quelque chose d’y revenir. Par curiosité, j’irai voir ce qu’est devenue l’ancienne salle, c’est important de connaître l’histoire d’un club.

« L’équipe de France, l’aboutissement d’une carrière »

J’ai mes 42 sélections avec les Bleus aussi et j’en suis très content car l’équipe de France est l’aboutissement d’une carrière pour moi. Mais je suis tombé dans une génération où il y avait beaucoup de grands meneurs : Antoine Rigaudeau, Moustapha Sonko, Laurent Sciarra. Ce n’était pas facile d’avoir sa sélection (il rit). Au milieu, c’est Tony Parker qui est arrivé donc il fallait saisir la moindre opportunité. J’ai participé à deux championnats d’Europe (1997 et 2005) et c’était important pour moi. C’était vraiment une fierté personnelle, et ça le reste toujours. En plus, il y a eu une médaille de bronze à la clef en 2005, alors que la France n’en avait pas gagné depuis très longtemps (depuis 1959). À mon petit niveau, j’ai l’impression d’avoir fait partie de l’équipe qui a réenclenché la machine à médailles. C’est à partir de là que la génération Parker – Diaw – Piétrus en a décroché plein d’autres.

Dans les bras de Tony Parker, et à côté du Bressan Jérôme Schmitt, Freddy Fauthoux exhibe sa médaille de bronze en 2005 (photo : Fédération Française de Basketball)

« J’ai pris goût au coaching grâce à une équipe de poussins »

Après ma carrière de joueur, je n’étais pas trop destiné à entraîner. Enfin, c’est surtout que je ne savais pas trop comment m’y prendre, même si je sentais que j’aimais ça. Et surtout à quel moment le faire. Car déjà, après l’Élan Béarnais, je suis reparti jouer à Horsarrieu. Parallèlement, j’ai été sollicité pour faire partie d’une liste candidate à la mairie de Pau (celle de Martine Lignières-Cassou, du Parti Socialiste). J’y suis allé par curiosité et enrichissement personnel. Il se trouve que l’on a gagné et que je me suis donc retrouvé propulsé adjoint aux sports de la ville de Pau pendant six ans. Six mois après, mon fils s’est mis à jouer au basket. Vu qu’il a commencé avec un ou deux ans d’avance, il devait intégrer l’équipe poussins B de Pau-Nord-Est, qui n’avait pas d’entraîneur, donc c’est avec grand plaisir que je me suis proposé. Au final, ce sont eux qui m’ont donné goût au fait de devenir éducateur puis entraîneur puisque j’ai gardé cette génération là jusqu’en benjamins. J’ai coaché 7 ans des poussins et des benjamins, j’ai ensuite entraîné ma fille (Marine, médaillée olympique à Tokyo) et j’ai eu l’opportunité de prendre l’équipe de Nationale 3 (cinquième division) de Pau-Nord-Est en 2012. On est monté en Nationale 2, j’ai même été champion de France NM3 avec Pierre Pelos (il rit). C’était une très belle génération, on s’est vraiment éclaté. En même temps, je continuais aussi à entraîner les benjamins car c’est une catégorie qui m’intéresse, c’est gratifiant, on voit déjà les gamins évoluer, à la fois dans le basket et dans la vie. Je trouvais ça génial. La partie humaine est primordiale à mes yeux, même encore maintenant. S’il n’y a pas d’humain, ça ne m’intéresse pas en fait. J’ai aussi demandé à la fédération d’être placé comme assistant sur les équipes de France jeunes, j’étais avec la génération 1998 de Frank Ntilikina qui a remporté le championnat d’Europe cadets en 2014. À partir de là, vu que j’avais mes diplômes et que toutes ces expériences m’avaient plu, je me suis dit que j’aimerais vraiment retenter le haut-niveau.

Freddy Fauthoux a coaché Pierre Pelos à Pau-Nord-Est entre 2012 et 2014
(photo :  Jacques Cormarèche)

« Deux années très utiles à l’ASVEL »

Je me suis donc lancé. J’avais des bonnes relations avec Jacques Monclar, conseiller du président à Levallois, et il m’a proposé de prendre l’équipe, avec Antoine Rigaudeau en tant qu’entraîneur principal. Et en avant ! Le grand saut a même été plus rapide que prévu puisque Antoine n’était pas bien à son poste. Il sentait que ce n’était pas fait pour lui et en décembre, il a démissionné, proposant aux dirigeants que je reprenne l’équipe. Ils ont accepté et ça a été le début d’une expérience fabuleuse à Levallois. J’ai vraiment passé cinq saisons fantastiques. Avec le président Jean-Pierre Aubry, vu qu’on n’avait pas de très gros moyens, on a mis en place une politique axée sur les jeunes. On a lancé les Louis Labeyrie, Vincent Poirier, Cyrille Eliezer-Vanerot, Maxime Roos, Ivan Février, Sylvain Francisco, Neal Sako… On a toujours atteint nos objectifs, on était presque à chaque fois en demi-finale des compétitions que l’on a disputé. Et en plus, l’aventure humaine a été très belle.

En 2020, Tony Parker est venu me solliciter pour devenir coach associé avec son frère, T.J., à l’ASVEL. Avec le changement de gouvernance à Levallois, c’était important pour moi de voir autre chose. Que Tony m’offre cette possibilité de côtoyer autant de grands joueurs, de jouer l’EuroLeague, des matchs de très haut niveau contre des coachs de très haut niveau, ça m’a permis, avec un peu plus de recul, d’observer, de comprendre l’exigence que l’on peut avoir dans une telle compétition. Je pense que ces deux ans seront très utiles pour la suite de ma carrière, ils m’ont énormément servi en termes d’expérience.

Le 25 juin 2022, avec Villeurbanne, Freddy Fauthoux a remporté son neuvième titre de champion de France (photo :  Hervé Bellenger)

« Il va falloir remettre la machine à gagner en route »

Même si l’on échangeait beaucoup avec T.J., j’avais maintenant besoin de retrouver plus de responsabilités et de reprendre une équipe à moi. L’opportunité de Bourg était presque idéale. La JL m’a sollicité très tôt après l’éviction de Laurent Legname. Je commence à le vérifier mais ce club a la réputation d’être sérieux, tout en étant aussi ambitieux. Ça me correspond très bien. Je connais aussi parfaitement Frédéric Sarre, qui m’a longtemps coaché à Pau (de 1991 à 1996 en tant qu’adjoint puis de 2002 à 2004, ndlr) et François Lamy, qui était mon agent. Ce sont deux personnes en qui j’ai énormément confiance. Quant au président Julien Desbottes, sans trop se parler, j’ai eu un très bon feeling avec lui. Je sais que la JL sort d’une saison compliquée et je trouve le challenge intéressant.

Je crois posséder beaucoup de valeurs qui peuvent correspondre à Bourg-en-Bresse. Je veux que mes équipes aient le sens du sacrifice, de l’engagement et de la concentration. Il faut que les joueurs prennent du plaisir, mais dans la dureté. Le coach Freddy Fauthoux aime gagner, comme tout le monde j’imagine. J’espère que l’on passera des bons moments tous ensemble, et cela passera par le fait de gagner beaucoup de matchs. Il va falloir remettre la machine à gagner en route. »