Posté le 2 mars 2023 par La Rédaction

Pour ses 34 ans, Hugo Dupont, ancien capitaine de l’US Bressane a décidé de mettre un terme à sa carrière professionnelle. Il a préféré partir au top, ne supportant pas l’idée de garder la place alors qu’il y a des jeunes qui méritent de prendre le relais.

Qu’est-ce qui te fait vibrer aujourd’hui ?

Tout d’abord, je prends du temps pour partager le quotidien de ma fille. J’ai toujours été sensible à mon équilibre familial, mais là, je profite pleinement des choses simples et des moments précieux auprès de ma femme Sophia.

Quels sont tes projets en cours ?

J’ai toujours été curieux dans de nombreux domaines et je cherche à me développer depuis toujours. Ce qui m’anime depuis ces dernières années, c’est le mental. J’ai entamé à la rentrée deux formations en coaching et préparation mentale du sport : une à l’Université de Lille, l’autre à celle de Dijon. Et j’ai récemment commencé le programme Champion de ma vie avec un certain Cyril Blanchard.

Des objectifs personnels ?

J’ai vraiment envie de me mettre au trail pour dépasser mes limites dans un autre domaine. C’est un peu un retour aux sources, car j’ai vécu mon enfance à Grenoble avec mes frères et ma sœur, entre deux parents passionnés de montagne et de sports alpins.

Qu’est-ce qui t’a fait passer des sports de montagne au rugby ?


C’était un bon terrain de jeu pour affirmer mon caractère, et l’on s’est pris au jeu avec mon frère. Papa a pris la présidence du club à Échirolles et le rugby a rythmé nos vies.

Tu avais le talent pour passer pro ou tu as dû beaucoup travailler ?

Les choses se sont faites naturellement, et je n’ai pas réellement forcé le destin. Je ne suis pas du genre à rêver en grand. J’ai toujours eu un processus assez simple pour atteindre la performance : devenir la meilleure version de moi-même..

En 2015, c’est ton arrivée à l’USBPA. Quelle a été ta plus grande surprise ?

La ferveur du public… 5000 personnes qui viennent nous encourager à chaque match en pro D2, c’est magique !

Qu’est-ce qui t’a fait rester pendant sept saisons au club ?

On a réussi à créer un écosystème pour que chacun puisse se sentir contributeur. On a eu une forme de « flow » dans le groupe : on était tous alignés et complémentaires, que ce soit les dirigeants, le staff et tous les joueurs… leaders ou pas.

Un point d’orgue en particulier ?

L’alchimie a vraiment pris en 2017-2018, puis l’année suivante, on fait une saison extraordinaire avec 13 victoires à domicile. On avait réussi à trouver une forme de singularité. Et puis il y a ce moment de grâce : le derby contre Oyonnax en 2018. On en a fait un match comme t’oses même pas imaginer. On a enflammé le match et le public comme jamais !

Avec du recul, quelle aura été ta contribution majeure en tant que capitaine de l’équipe ?

Hormis le fait de créer un sentiment d’appartenance dans le groupe, je me suis efforcé d’avoir une attention particulière pour chaque acteur du club, et surtout de ne pas banaliser la parole.

D’où te vient cet état d’esprit qui marque ta singularité ?

Les gens tracassés, dont je fais partie, sont dans cette quête d’amélioration permanente. C’est un apprentissage à l’infini : déconstruire puis reconstruire pour créer un environnement dans lequel chacun peut s’épanouir. Quand j’étais en coloc’ à Bourg-en-Bresse, j’ai rencontré des personnes qui étaient dans d’autres cercles que le rugby et ça me plaisait énormément. Aux antipodes du rugby, j’ai par exemple appris la méditation pendant un an : j’allais faire des séances d’une heure par semaine dans le noir avec un groupe en silence autour d’une bougie. Ça m’a aidé à m’apaiser et j’ai l’intuition que cela m’a donné un pouvoir mode Matrix. J’accueille la colère et réagis avec discernement. J’ai atteint un niveau qui me fait du bien. Je suis assez centré sur mes énergies, bien dans mes valeurs et équilibré par rapport à ma famille.

Une valeur qui vaut de l’or à tes yeux ?

La persévérance. J’ai toujours fait plus à l’entraînement : je me suis pris en mains pour m’améliorer toujours et encore. Y’a pas un mec dans le très haut niveau qui ne charbonne pas. Regardez par exemple Jonny Wilkinson : une inspiration pour moi et une icône pour tout un peuple.

En parlant d’icône, quel est le joueur qui t’a le plus marqué ?

Anthony Frenet. Il incarne selon moi le rugby et je me sens super privilégié d’avoir pu le côtoyer. Je suis venu au départ à Bourg-en-Bresse car j’étais ultra motivé de pouvoir jouer à ses côtés.

Et tu es resté au club malgré son départ ?

Il y a quelque chose entre moi et la ville de Bourg. Aujourd’hui encore, j’ai que du bonheur à retourner regarder un match : l’Union sportive bressane, ce sont plein de sentiments positifs. Et puis il y a mon pote de toujours, Cyril Veyret… qui a adopté une Bressane.)

Quels sont tes repères à Bourg ?

Plus que des repères, il y a un alignement ici : la ville, les gens, le stade. J’y trouve des gens authentiques, pas trop attachés au paraître, simples. Sans faire de politique, je trouve que Jean-François Debat incarne cet état d’esprit et en plus il dure. C’est pour moi un gage de qualité. Si je devais donner un lieu que j’aime particulièrement, c’est Le Millesime pour un bon repas… mais le risque d’y rester plus longtemps que prévu (risque assumé). J’aimais bien aller aussi au Shelter pour sa bonne atmosphère, les bons petits produits, le confort, la diversité des gens et le côté cosy.

En parlant de restaurants, un plat préféré ?

Le couscous de belle-maman, le tiramisu de maman, et je recommande la fraise de veau en persillade au Millesime.

Un lieu pour t’entraîner ?

Perf it à Peronnas pour un bon accompagnement avec bonne approche du sport.

Avais-tu de bons rituels en tant qu’athlète de haut niveau que tu as gardés aujourd’hui ?

Je commence toujours ma journée par des exercices de mobilité, c’est ma routine quotidienne : une sorte de salutation au soleil pour m’assouplir le dos. Je continue de m’entretenir physiquement et je prends une douche froide chaque matin : je peux me dire que chaque jour, j’ai commencé avec une réussite. J’aime l’idée d’être acteur de sa vie et ça passe
par une sorte de discipline personnelle.

Comment se passe ta reconversion ?

Le rugby m’a permis de faire quelque chose d’excitant chaque jour… Je n’exclus pas de revenir dans le rugby : la beauté des règles du jeu et l’entraide. Je suis lucide sur le fait qu’il n’y aura plus 5 000 personnes qui s’enflamment autour de moi, mais je créerai les occasions pour retrouver ces sensations.

Et s’il fallait ne retenir qu’une chose ?

Avec du recul, je suis admiratif de mon parcours compte tenu de mon manque de conviction et de confiance intrinsèque (rires)…