Posté le 2 mai 2024 par La Rédaction

De la pêche, j’ai le souvenir d’un étang privé au bord duquel j’allais petite avec mon papy pour en tirer un peu de friture. Les boîtes emplies de vers à entortiller sur l’hameçon. La canne. Le fil utilisé plus tard pour tisser des crocodiles en perles… Bonne époque et bonne franquette. C’est à plus chevronné que je me suis frottée pour cette session d’initiation. Un as, reconnu par ses pairs et par-delà les mers sur le terrain – humide – de la pêche à la mouche : Jean-Marc Chignard, directeur de Mouches Devaux à Montracol.

Petits, lui et son frère Jean-Claude allaient guetter les pêcheurs le long de la rivière d’Ain… Observer, pour comprendre et peu à peu acquérir les bons gestes techniques. La passion naît et grandit au point de devenir un métier. «En 2017, on m’a proposé de reprendre Mouches Devaux : c’était la marque de notre enfance !» Bien sûr qu’il y est allé… Si bien qu’elle est aujourd’hui leader sur son segment ! C’est le pêcheur, avant le chef d’entreprise, qui conçoit d’ailleurs l’ensemble des gammes. De quoi garantir aux pratiquants des produits répondant au plus juste à leurs besoins… À commencer par la doudoune dont Jean-Marc m’a équipée. Doudoune pourvue de rangements et attaches divers pour avoir sur soi l’attirail nécessaire et pêcher dans les règles de l’art. «Pêcher à la mouche, présente mon instructeur, c’est avoir sur son bas de ligne une réplique d’insecte ou d’animal, correspondant à ce que le poisson a l’habitude de manger. Soit une larve, une nymphe ou une mouche telle qu’on la connaît, une fourmi, une sauterelle, un grillon, une abeille, même une souris ou une grenouille ! » Conçues à partir de poils et plumes véritables, les mouches permettent de pêcher tous types de poisson. Des poissons lâchés dans la foulée : «On pêche en no kill !» prévient Jean-Marc, soucieux de rendre à la nature ce qu’elle, consent à lui donner…

Le lancer, tout un art

Ouverte en France de mars jusqu’en septembre, la pêche à la mouche compte de nombreux adeptes, souvent plus accros à l’idée de passer une journée dehors plutôt qu’à celle de remplir leur épuisette. Un plaisir, donc, soumis bien sûr aux aléas météo – «L’idéal étant un temps gris et environ 18°C» -, mais qui ne dispense pas d’un vrai savoir-faire. «À l’inverse de la pêche classique, où un poids emmène le fil, la pêche à la mouche demande de propulser la soie avec un geste précis.» Soit, pour un lancer frontal, lever l’avant-bras de 10 h à 12 h pour le redescendre à 10 h et l’abaisser encore jusqu’à la position horizontale. «Mets la jambe droite en avant, fléchis, ne tords pas le poignet» reprend Jean-Marc à mesure que je m’exerce. «Voilà, parfait !» Passage ensuite au revers avec le bras gauche tendu en repère et le droit qui le rejoint à l’épaule pour projeter au niveau du poignet. Échec : la ligne part bien après 12 h et reste bloquée derrière nous. «Là, on fait ça en 10 minutes ; normalement, on passe une demi-journée juste sur la technique du lancer ! » rassure Jean-Marc, prouvant sa pleine maîtrise du geste à chaque nouvelle démonstration. Une maîtrise telle qu’il l’enseigne en binôme avec son frère, resté accro lui aussi, lors de formations de 3 jours en bordure de rivière. En France, comme à l’étranger.

Au-delà de la technique il y a, pour Jean- Marc, Jean-Claude et tous les autres, l’amour du grand dehors, du grand sauvage. L’envie d’explorer, chercher, analyser, comprendre le comportement de chaque poisson. Un art qui emprunte à la méditation lorsque, en remontant la rivière, on se prépare à lancer. «Il y a plein de paramètres à prendre en compte : le sens du vent, le débit de l’eau, la vitesse de déplacement du poisson, sa direction…» Autant de calculs qui, à force de pratique, passion aussi, relèvent de l’instinct. «Ça devient naturel, on n’y pense plus !» Comme on ne pense plus à rien d’autre quand on est au bord de l’eau. À en juger par la concentration qu’il m’aura fallu pour lancer droit sans bouger le poignet, j’entrevois et comprends la complète déconnexion des pros, des «vrais» qui, comme lui, ne manquent pas une occasion d’aller ferrer du poisson.

dsc03506
© photos & vidéo : Éclat agency

Mouche Devaux
3556, route de Trévoux, 01310 Montracol
04 50 48 68 08 – www.mouchesdevaux.com

La pêche à la mouche, côté compète

Le championnat du monde de pêche à la mouche (ou WFFC pour World Fly Fishing Competition) aura lieu du 22 au 30 juin en Occitanie. Mouches Devaux en sera le sponsor exclusif, sur le créneau de la pêche. «Il y a toujours des Français sur le podium», assure Jean-Marc. Du côté du championnat du monde féminin de pêche à la mouche, on espère en tout cas que l’une des deux Aindinoises en lice en foulera les marches. Anouck Mattoni et Julie Quillard, du Groupement des pêcheurs sportifs Bourg/Revermont, se rendront en effet en République tchèque du 19 au 25 mai, accompagnées de leur président Stéphane Poncet.