Posté le 25 janvier 2021 par La Rédaction

Qui n’a jamais rêvé de travailler et de voyager en même temps à travers toute la planète ? C’est le job de rêve de Morgane Monneret, photographe d’expédition !

morgane monneret

Dans la cour de récré de l’école primaire, à Ceyzériat, Morgane Monneret jouait aux aventurières. Elle s’imaginait une montagne en haut des escaliers, elle galopait à travers les sentiers entre les marrons tombés au sol sur des montures imaginaires, aux noms empruntés aux vrais chevaux de Cheval Bugey… 20 ans plus tard, les escaliers ont fait place aux chaînes de montagnes, les chevaux sont la puissance des moteurs du Zodiac, sa nouvelle monture, et les sentiers, des océans. Morgane est devenue photographe d’expédition. À 33 ans, elle a fait deux fois le tour du monde, dans les deux sens, et visité plus de 52 pays. « Je suis déterminée dans la vie. Je voulais vivre ce rêve et comme je n’avais pas d’argent, il fallait que je trouve une solution…mais être payée pour le faire, c’est encore mieux », sourit Morgane, devenue photographe d’expédition. Pour arriver à son objectif, Morgane a d’abord fait un BTS en graphisme à Lyon puis une école d’arts appliqués à Paris, et un master à l’école normale supérieure de Cachan. Après avoir travaillé dans la photo de mode et diverses prestations à Paris, elle embarque avec la compagnie Ponant pour son ”job de rêve“ malgré des semaines à 70 heures minimum. Confinée, elle est de retour depuis quelques semaines dans le Revermont sur sa terre natale. L’occasion d’ouvrir pour nous sa boîte à souvenirs et l’un de ses voyages les plus marquants en Antarctique.

antarctique morgane monneret

Paradise Bay, la Baie Paradis

Au cours de l’été austral 2018-2019 (de novembre à mars), j’ai passé trois mois en péninsule Antarctique, à bord du Boréal, un navire de croisière de la compagnie Ponant. Au départ d’Ushuaia ”fin del mundo“, comme cette ville aime à se nommer, après avoir traversé le redouté passage de Drake, on découvre un sanctuaire blanc, où l’homme n’est que spectateur des splendeurs d’une des dernières natures sauvages. On navigue entre les glaces et les centaines d’îles aux colonies de manchots, puis on arrive dans une baie qui, elle aussi, porte bien son nom : la Baie Paradis. À l’entrée, une petite station de recherche Chilienne, avec une toute petite colonie de manchots. Parmi eux, à l’accueil, comme une sentinelle, un tout blanc.

antarctique morgane monneret
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Comme les tigres blancs, il est leucistique (couleur blanche). La curiosité que chaque visiteur se doit de saluer en arrivant. On passe à côté, on entre dans la baie. Une des parois héberge une colonie de cormorans impériaux, que semaine après semaine, on voit grandir. Les poussins atteignent vite la taille adulte, et avec leur gros duvet, ils paraissent plus gros que leurs aînés. Pour les nourrir, l’adulte avale littéralement la moitié de son enfant : l’enfant va chercher son repas directement dans l’estomac de son père. On peut distinguer la silhouette du petit à l’intérieur du grand… Quand ils commencent à nager, très maladroits, ils restent en groupe pour compliquer la tâche aux labbes, ces rapaces palmés qui guettent le premier retardataire pour en faire leur repas.

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L’arène blanche et bleue

On s’enfonce plus loin dans la baie, on glisse sans bruit sur un miroir, la glace apaise la surface. On est au centre de l’arène blanche et bleue, à l’endroit et à l’envers. Quelques icebergs sont coincés ici, et servent de matelas gonflables aux phoques, qui se font bronzer voluptueusement, sur le dos, sur le ventre, se grattant un peu sur le côté parfois… On s’approche, on ne les dérange pas. À part ouvrir un œil, se gratter un peu et se rendormir en ronflant, leur sieste est imperturbable. S’il arrive que l’un d’eux se sente importuné, alors il nous grogne dessus, pensant nous effrayer. Mais l’inverse se produit : on dirait une grosse peluche coincée dans un sac de couchage qui fait la grimace ! Par contre, ce qui est moins mignon c’est l’odeur ! Les expressions ”sentir le phoque“ et ”avoir une haleine de phoque“ prennent tout leur sens ! Autour de nous quelques manchots papous nagent en radeau, curieux, ils nous observent.

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Au fond de cette baie, il y a un très grand et très vieux glacier, d’environ 80 mètres de haut depuis le niveau de la mer, et qui est de plus en plus instable lorsqu’on avance dans l’été (d’où les icebergs pour les phoques). On s’approche, on admire ses crevasses, ses grottes et ses arches, ses aiguilles qui tiennent par habitude. On l’écoute… Il craque, libérant de petites poussières de glace que l’on regarde s’écraser dans l’eau. Puis lentement, de plus en plus de fragments se détachent, jusqu’à l’effondrement d’une immense arche, dans un fracas magnifique, projetant des milliers d’épines dans les airs, générant le tsunami qui brise à tout jamais le miroir sur lequel on naviguait… Sublime.

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La nourriture des baleines

Au cœur de l’arène, juste sous la surface, se concentre un petit crustacé qui est à la base de la chaîne alimentaire antarctique : le krill. Les baleines viennent donc se nourrir ici. Par dizaines. Leur technique de chasse : le ”bubble net“. Cela consiste à créer un vortex en tournant autour de leurs proies depuis les profondeurs, pour concentrer le krill en surface, prisonnier dans un let de bulle. Puis d’une seule gorgée, en avaler plusieurs dizaines de kilos. Cette technique se pratique en groupe. Le repas commence : plusieurs baleines de 30 tonnes chacune sortent simultanément de l’eau, au même endroit, avec la gueule grande ouverte… Depuis notre Zodiac, on est comme hypnotisé par le feu d’artifice. Elles passent sous nos pieds, un ballet de géants que l’on admire en transparence. Ni les mots ni les photos ne peuvent témoigner de l’ampleur du phénomène.

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Sur le chemin du retour, un gros phoque léopard jaillit hors de l’eau et saute sur un glaçon devant nous. Comme on fait son lit on se couche, il se roule dans un sens puis l’autre, rend la glace confortable, regonfle son oreiller. Enfin, il nous jette un coup d’œil, intrigué par ce spectateur inhabituel, ce gros animal de toutes les couleurs que nous sommes. Peu importe, il se gratte encore un peu, et se met à ronfler. On s’éloigne, il relève la tête et agite la nageoire : au revoir Léopard, à bientôt j’espère !

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« Ce que j’aime avec la photo, c’est son pouvoir de transmission de rêve. Je voyage dans des lieux reculés de la planète, où le plus souvent il n’y a pas d’homme. Et pourtant je suis un des premiers témoins chaque jour de son impact. Je ressens l’urgence de photographier et de partager les poétiques du monde, de faire rêver. Je crois en une prise de conscience par l’émerveillement. »

Morgane Monneret

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