Posté le 30 septembre 2021 par La Rédaction

Chez lui, dans le Var, tout près des salles où il a enquillé les tirs lointains tout au long de sa carrière de joueur, il était encore l’heure des vacances d’été. Par un lundi matin du mois d’août, alors que la France du basket avait les yeux tournés vers Tokyo où ses deux équipes rêvaient (à juste titre) de médailles, Laurent Legname a offert le café à Ma(g)ville. L’occasion pour le nouveau technicien burgien de revenir sur sa première décennie dans le costume de coach, d’expliquer sa philosophie, de justifier sa décision de quitter Dijon pour l’Ain et de détailler ses ambitions pour la JL Bourg. Idéal pour apprendre à connaître parfaitement le successeur de Savo Vucevic avant la reprise de la saison.


Laurent, après votre longue carrière de joueur, vous avez immédiatement basculé vers le coaching dès l’annonce de votre retraite sportive en 2011. Était-ce le signe d’une vocation ?

On peut dire cela en effet. Même si, à la base, j’ai une formation de professeur d’EPS. J’ai fait des études, j’ai eu mon CAPES, j’ai été prof pendant plus de dix ans à temps partiel lorsque je jouais à Hyères-Toulon. Mais effectivement, dès mes années cadets, je regardais beaucoup de matchs, j’ai toujours eu cette envie d’analyser et de me demander ce que j’aurais fait à la place du coach. Ensuite, j’ai passé mes diplômes très rapidement. Je savais très tôt que je voulais devenir entraîneur mais entre savoir que j’allais le faire et savoir si ça allait me plaire, il y a une différence importante. Dès que j’ai fini ma carrière, j’ai pris les Espoirs du HTV et j’ai adoré immédiatement. Dès les premières séances, je sentais que j’aimais ça, tout simplement.

Entraîner les Espoirs de Hyères-Toulon, c’était comme un laboratoire pour développer votre philosophie ?

Non, pas un laboratoire, plutôt un apprentissage. J’avais déjà certaines idées, notamment défensives, que je voulais mettre en place. C’était enrichissant, c’était top, ça m’a vraiment plu.

« Dès mes deux ans dans la salle avec un ballon dans les mains : le HTV, c’est une partie de ma vie »

Avec déjà un certain Axel Julien sous vos ordres, élu MVP du championnat Espoirs en prime…

Exactement ! Il dominait et on a atteint la  demi-finale du Trophée du Futur, une première pour le HTV depuis très longtemps. C’était une super aventure, avec des gamins que je connaissais tous. Vu que je venais juste de terminer ma carrière, j’étais encore, entre guillemets, assez jeune. Ça m’a servi car ça m’a permis de voir que j’aimais ce métier. C’était intéressant de transmettre ce qu’on voulait mettre en place sur le terrain, de faire des choix. Parallèlement à ça, j’ai été l’assistant d’Aimé Toupane pendant une année en Pro B et trois campagnes en équipe de France U20. C’était également enrichissant de voir une autre approche, d’apprendre de l’expérience d’Aimé.

Est-ce vraiment important d’être adjoint avant de basculer entraîneur à plein temps ?

Je pense, oui. Après, il n’y a pas de ligne toute faite, pas de schéma de carrière prédéfini. Personnellement, ça m’a permis de voir que je n’aurais pas pu être assistant sur le long-terme, ce n’est pas dans mon caractère. J’ai une personnalité faite pour être coach principal. Mais ça a été une étape nécessaire, j’ai beaucoup appris aux côtés d’Aimé, tant au HTV qu’avec l’équipe de France. Lors de ma première campagne internationale, on a remporté la médaille d’argent au championnat d’Europe Espoirs en Slovénie. C’était l’époque des Rudy (Gobert), Léo (Westermann), Axel (Toupane)… Axel Julien et Pierre Pelos étaient là aussi. Ensuite, en club, quand Aimé est parti à Antibes et qu’on m’a proposé de reprendre le poste, j’ai sauté sur l’occasion. Et tout s’est enchaîné depuis.

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Assistant-coach, Laurent Legname vice-champion d’Europe espoirs en 2012
(photo : FIBA Europe)

Nous sommes alors en 2013. C’est un saut dans le grand bain avec votre club de toujours en somme…

Voilà. Je crois que c’était une très bonne manière de commencer. En plus, on n’avait pas trop de pression puisqu’on avait la 16e ou 17e masse salariale du championnat. Le seul objectif était de se maintenir. C’était une sorte de prolongement des années Espoirs puisque j’ai retrouvé tous ceux qui étaient avec moi : les Axel, Clément Cavallo, Fabien Ateba…  Il y avait plein de jeunes, entourés par des Américains, comme Pierre Pierce qui avait joué avec moi en Pro A. Pareillement, j’ai fait revenir mon ancien coéquipier Kyle Milling en tant qu’assistant. À mes côtés, je voulais avoir quelqu’un de loyal, en qui je peux avoir entièrement confiance, c’est très important quand on débute. Et même pour la suite (il sourit) ! À ce titre, la venue de Frédéric Wiscart-Goetz comme adjoint à Bourg était une condition sine qua non pour ma signature. Pour en revenir au HTV, on a terminé en playoffs, où l’on a perdu en quart de finale contre la JL de Fred Sarre. C’était une super première saison, avec une demi-finale de Coupe de France en prime. L’année d’après, encore mieux, on a lutté jusqu’au bout avec Monaco pour monter et on a terminé deuxième.

« Ce que l’on a accompli à Dijon est incroyable »

Au final, Hyères-Toulon, c’est deux saisons extrêmement convaincantes malgré des moyens dérisoires. Du coup, c’est aussi la naissance d’une petite réputation dans le milieu…

Je pense, oui. J’ai été élu coach de l’année en Pro B. Mais sans parler que des résultats, il y avait aussi le contenu où mes collègues voyaient qu’il y avait du travail derrière et un jeu intéressant. C’était le plus important à mes yeux, que je commence à poser ma philosophie et que les résultats suivent. C’est sûr que je ne pouvais pas mieux lancer ma carrière et Dijon m’a ensuite donné l’opportunité de passer à l’étage supérieur en Pro A. Même si on m’avait dit de ne pas y aller, c’était impossible de refuser.

Avant de parler de Dijon, qu’est-ce que représente le HTV à vos yeux ?

Le HTV, c’est une partie de ma vie… Ce sera toujours en moi et dans mon cœur. Sans même parler de mes années coaching, j’ai débuté là-bas à 10 ans. Mon père a créé le club en 1970. Tout petit, dès que j’avais deux ans, j’allais au gymnase des Rougières où je courais partout dans la salle avec un ballon dans les mains. C’est là-bas que j’ai pris mes premiers shoots aussi. Après, j’ai fait du foot pendant cinq ans car j’aimais ça. J’avais donc arrêté un peu le basket mais je suivais mes parents qui jouaient tous les deux. Je restais un peu dans le gymnase avec mon ballon. Et puis, à dix ans, j’ai choisi le basket. J’ai fait benjamins, minimes, cadets avec une super génération qui est allée jusqu’en finale du championnat de France. Ensuite, on a gagné le Trophée du Futur en 1998, on est monté en Pro A en remportant les playoffs de Pro B en 2001, on a enchaîné les maintiens dans l’élite sans moyens… Pour nous, c’était extraordinaire et tout ça, ce sont des souvenirs à vie. Et encore une fois, je ne parle même pas des saisons sur le banc de touche ensuite. Toutes ces choses resteront gravées, c’était incroyable à vivre. Basket, hors basket, l’aventure humaine, il s’est passé plein de trucs… Ce que l’on a fait, avoir réussi à amener ce club aussi haut dans une région qui n’est pas basket, c’est incroyable. On en reparle encore parfois. 38 années dans le même club, ça marque.

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Ici en défense sur Sébastien Lafargue en 2000 à Amédée-Mercier, Legname a souvent affronté la JL au cours de sa carrière de joueur (photo : Jean-Jacques Pauget)

Et du coup, ensuite, le déracinement vers Dijon…

C’était l’inconnu. On m’avait dit que ça allait être difficile de passer après Jean-Louis Borg, que j’allais avoir beaucoup de pression, que ce serait très compliqué de faire au moins aussi bien. OK mais entraîneur, c’est un métier difficile ! Je ne pouvais pas refuser cette place car si on veut coacher au haut-niveau, il faut passer par des étapes. La pression, on l’a partout. Finalement, six ans après, je pense que j’ai fait le bon choix. Dijon était une époque extraordinaire, je n’aurais jamais pensé vivre tout ça.

Ce fut effectivement une aventure marquante avec beaucoup de moments forts : le gain de la Leaders Cup 2020, deux premières place de saison régulière, un podium européen en Ligue des Champions, etc…

Tout, tout, tout… Il y a une première année superbe avec 20 victoires, cela m’a conforté dans l’idée du basket que je voulais mettre en place. Ensuite, il y a une saison difficile où l’on a failli descendre. C’est là où j’ai le plus appris, ça m’a permis de progresser dans mon coaching et dans mon management. Le maintien, ça valait un titre car une descente peut se révéler catastrophique pour un club. On a appris de nos erreurs et depuis quatre ans, voilà… 5e, 3e, 1er, 1er (il sourit)

Avez-vous eu le temps de mesurer le chemin parcouru depuis ?

Cet été, un peu oui. En emménageant à Bourg, c’est là où j’ai réalisé que Dijon, c’était vraiment fini. Et forcément, tu regardes toujours un peu ce que l’on a fait. À la fin, c’était bizarre car en ville, les gens me remerciaient, me disaient au revoir. Ça m’a fait prendre conscience que c’était la fin. Pourtant, être entraîneur t’amène à rencontrer énormément de monde, j’étais parfaitement intégré dans la ville de Dijon avec ses commerçants, ses restaurateurs, etc. C’était étrange et presque émouvant car on a vécu de belles choses. La salle était pleine, on pouvait sentir qu’il y avait une vraie ferveur, une osmose entre les joueurs, le public, le staff.

« 7 saisons réussies sur 8 : je touche du bois pour le ratio, la stat est extraordinaire »

Cela s’est terminé par une défaite en finale du championnat de France contre l’ASVEL : l’été a aussi permis de digérer cela ?

Oui, il n’y a pas de regrets à avoir sur le match, on est tombé sur plus fort que nous. On aurait tous voulu finir cette magnifique histoire sur le titre de champion. La forte déception est légitime mais l’aventure de six ans et tous les accomplissements prennent largement le dessus sur ce dernier match. J’ai tourné la page.

Pourquoi avoir décidé de partir alors ? Vous sentiez que c’était la fin d’un cycle, qu’il était temps de passer à autre chose ?

Franchement, ça a été une décision extrêmement difficile à prendre. La JDA voulait me garder, Bourg m’avait dragué, entre guillemets, dès que Savo (Vucevic) avait dit qu’il voulait prendre du recul. J’ai pesé le pour et le contre. J’ai trouvé le projet de la JL très intéressant. C’est un club qui monte en puissance, à la fois en terme de structures, d’organisation. C’est une ville basket, il y a un vrai public, il y a une histoire. La salle permet aussi de faire pas mal de choses, avec notamment un terrain d’entraînement et de belles installations. Le fait d’avoir l’EuroCup a également joué, c’est une compétition très intéressante. Et je me suis dit qu’après six ans, pour moi, il fallait peut-être aussi que je vois autre chose, un autre environnement, pour progresser. De plus, les moyens financiers sont un peu supérieurs à ceux de Dijon. La JL est un club qui grandit, qui n’est sûrement pas arrivé au bout de ses possibilités. Il y a ce challenge de continuer à le faire progresser.  Je sais que certains ont trouvé mon choix bizarre mais en France, il n’y avait pas beaucoup d’autres possibilités. Monaco ? Ils ne prennent que des coachs étrangers. Villeurbanne ? T.J. Parker fait du très bon boulot. Ça réduit d’emblée la liste. Objectivement, il n’y avait pas d’autre choix que Dijon ou Bourg.

L’étranger peut-être ?

Vis-à-vis de mes filles, je ne voulais pas partir, hormis pour un très grand club. C’est un choix familial. Mais j’avais deux vraies touches, l’une en Allemagne et l’autre en Espagne. Ce n’était pas le Real Madrid ou le Barça car je serais parti sinon (il sourit). Donc je me suis dit que Bourg pourrait représenter une progression dans ma carrière, de passer à un petit stade supérieur en continuant à rester dans le haut du tableau. Je ne sais pas si l’on réussira mais personnellement, ce choix ne me semble pas surprenant. Beaucoup de personnes m’ont aussi dit que c’était une très bonne décision. C’est tout peut-être un peu mieux qu’à Dijon, avec des perspectives intéressantes. Mais ce que l’on a accompli avec la JDA est incroyable. Peut-être que les gens le réaliseront un peu mieux dans le futur. Avoir ces résultats-là, sur la durée, avec cette qualité de jeu et cette stabilité…

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Ici en 2018, Laurent Legname a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire dijonnaise pendant ses six ans en Côte d’Or (photo : Jacques Cormarèche)

Quand on est coach, à quel point les critères extra-basket peuvent peser dans une telle décision ?

Ils pèsent véritablement car on regarde tout ! Si le club tourne vraiment, déjà, c’est important (il rit). On regarde les conditions de travail, la salle, les conditions de déplacements, la masse salariale à disposition pour bâtir l’équipe. Avoir plus de moyens est aussi un challenge pour moi afin d’avoir un dixième joueur et voir comment je vais réussir à gérer ça. Tout entre en ligne de compte : la nouvelle formule de l’EuroCup avec 18 matchs contre des grosses équipes, les partenaires, l’impact du club sur la ville, etc. Personnellement, je prête attention à tout. Et en l’occurrence, ce n’était même pas une question financière, j’aurais gagné plus à Dijon. Tous ces critères réunis me font dire que c’est un bon choix. On verra par la suite !

Depuis le début de votre carrière, vous n’avez qu’une seule saison ratée. Le ratio de 7/8 est assez exceptionnel. Est-ce qu’il y a une méthode Legname ?

On m’a souvent posé la question et c’est très dur de répondre. Déjà, je touche du bois pour le ratio, c’est vrai que je ne me plains pas, la stat est extraordinaire (il sourit). Ce que je peux dire, c’est que ça représente beaucoup de travail, de ma part et de mes assistants. Il y a de la discipline, des règles, simples mais sur lesquelles je ne déroge pas. Cela concerne tant la vie de groupe que le basket, offensivement et défensivement. Même si à l’intérieur de ça, en attaque, c’est assez libre. Après, il y a la notion de ne pas tricher. Je suis intransigeant sur le fait de se donner à fond en permanence, entraînement ou match, d’être tout le temps à 200%. À partir du moment où les mecs ne trichent pas, j’accepte les erreurs. J’échange aussi beaucoup avec les joueurs, individuellement ou collectivement. Je dis toujours la vérité en face, il y a un discours de franchise avec tout le monde, peu importe le statut. C’est très difficile de décrire une méthode mais je crois que c’est l’ensemble de tous ces éléments.

Et niveau basket, comment peut-on caractériser le jeu que vous souhaitez développer ?

La base de mon jeu, c’est la dureté défensive, l’intensité et l’agressivité que l’on peut mettre de ce côté du terrain. Ensuite, il y a des défenses collectives que je mets en place, sur le pick and roll ou le post-up, qui sont le fruit de répétition. Les joueurs découvrent cela, ils ne sont pas habitués, il peut y avoir des erreurs et parfois, ça ne marche pas. En attaque, il y a aussi des règles avec différentes étapes, pas de hourra-basket en priorité. Le collectif prime sur les individualités, je dis toujours aux joueurs que c’est dans le collectif qu’ils vont s’exprimer. C’est la recherche du mec seul, de l’extra-passe, comme un peu tous les coachs sûrement.

« Amener la JL Bourg encore plus haut »

Y-a-t-il des entraîneurs qui vous ont particulièrement inspiré ou qui continuent de le faire ?

Non, pas particulièrement. Même quand j’étais joueur, mis à part Michael Jordan, je n’ai jamais eu d’idole. C’est pareil pour les entraîneurs. Après, je regarde beaucoup de matchs, un peu tout le basket européen de l’EuroLeague à la Betclic ÉLITE. Et il y a des trucs intéressants à prendre chez tous les coachs : offensivement, défensivement, la manière dont ils s’expriment pendant les temps-mort, dont ils mettent de la pression sur les arbitres ou les joueurs. En regardant différents coachs, en analysant leurs systèmes, tu peux progresser devant n’importe quel match. C’est toujours intéressant de voir ça. Idem pour mes propres matchs, en revoyant mes erreurs a posteriori, en tentant de comprendre ce que j’aurais pu mieux faire. Sans m’inspirer d’un coach en particulier, je regarde un peu tout ce qui se fait. Chez tout le monde, on retrouve la dureté défensive et finalement, en EuroLeague ou EuroCup, c’est le talent des joueurs qui finit par faire la différence. Il n’y a pas de systèmes extraordinaires qui sortent du chapeau, tout le monde fait plus ou moins la même chose avec énormément de pick and roll en Coupe d’Europe. Le talent des joueurs fait qu’ils trouvent plus ou moins la bonne solution selon leur lecture de jeu.

Avez-vous un plan de carrière en tant qu’entraîneur ? On peut imaginer que Bourg représente une sorte de dernière étape intermédiaire avant quelque chose de plus grand, l’EuroLeague ou l’équipe de France par exemple.

Honnêtement, non. Imaginez que ça se passe mal à Bourg… Dans ce métier, tu ne peux jamais savoir. En ce moment, tout se passe bien donc évidemment que c’est agréable, que c’est bien. Mais je garde toujours les pieds sur terre. Je sais parfaitement qu’une mauvaise saison peut très vite arriver, même en continuant à travailler et à m’appuyer sur mes principes. Il peut y avoir des blessures, des méformes, un tir loupé, une mauvaise dynamique, un joueur pas dans l’esprit… Tellement de choses font que l’on peut très vite retourner en arrière donc il faut toujours garder un recul nécessaire. Après, idéalement, oui, j’ai toujours dit que je voulais coacher à l’étranger. Mais dans une bonne équipe, car autant rester en France sinon. Effectivement, j’ai envie d’avoir de l’ambition et je souhaite tenter cette expérience à l’étranger. Si ça se fait, tant mieux. Si ça ne se fait pas, je n’aurais pas de regrets tant que j’aurais tout donné.

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Après Hyères-Toulon et Dijon, « un nouveau challenge » à Bourg pour Laurent Legname (photo : Jacques Cormarèche)

Pour vous, Bourg représente un nouveau départ mais pour les supporters de la JL aussi. Ils perdent Savo Vucevic, Zachery Peacock, une équipe à forte identité. Il n’y aura évidemment pas de défiance mais une période d’adaptation risque d’être nécessaire pour tout le monde, c’est un nouveau cycle…

Oui et je le comprends, c’est légitime. Le club a grandi avec Savo, ils sont montés avec une base de joueurs fidèles. Ils ont vécu de très belles choses avec une identité de jeu différente de la mienne, des joueurs avec des qualités différentes que les nouveaux. Ils avaient aussi les moyens pour arriver à ces étapes-là et ils en ont profité pour faire progresser le club, jusqu’à sa 5e place de la saison dernière. Bien sûr, je suis admiratif et je respecte le travail qui a été fait. Maintenant, à nous de le continuer et pourquoi pas d’amener le club encore plus haut.

Sur le papier, quel est votre regard de l’équipe qui vient d’être construite ? (entretien réalisé début août, avant la reprise, ndlr)

Au début, tous les coachs sont satisfaits de leur recrutement (il rit). Donc je suis content. Je pense qu’il y a à la fois de la qualité individuelle, de la complémentarité entre les postes et de la polyvalence chez certains joueurs. Il y a la possibilité de jouer small-ball avec trois arrières et l’un des deux Maxime au poste 4 ou de jouer grand avec C.J. Harris meneur, Rasheed Sulaimon en 2, l’un des deux Maxime en 3, JaCorey Williams en 4 et Eric Mika en 5… Il y a plusieurs options possibles. On sait qu’il y aura 53 matchs officiels, au minimum. Tout reposera sur la capacité des joueurs à accepter de partager le temps de jeu avec deux matchs par semaine. S’ils comprennent ça, sur le papier, je pense qu’on a la possibilité de faire de belles choses. Après, il ne faudra pas qu’il y ait des blessés. Il faudra travailler, voir comment le groupe réagit par rapport à moi ou à ma philosophie. Mais je les ai tous eu au téléphone, ils savent ce qui les attend. C’est le terrain qui va déterminer où l’on peut aller. Et ça ne sert à rien de parler d’ambitions ou quoi que ce soit : tous les ans, mes objectifs sont les mêmes et je ne dérogerai pas à ma règle avec Bourg. Je réponds qu’il faut prendre les matchs les uns après les autres et en gagner le maximum afin d’aller le plus haut possible dans toutes les compétitions.

« Essayer de rester au contact de l’ASVEL et de Monaco »

L’EuroCup représente un nouveau terrain de jeu pour vous, avec, en plus, de sacrées équipes dans la poule de la JL…

Je pense effectivement qu’on est tombé dans le groupe le plus dur. Pour le coup, il n’y a vraiment pas de petites équipes ! De l’autre côté, quand on voit Wroclaw, Panavezys ou Hambourg, on se dit qu’on peut en mettre deux derrière. Chez nous, on verra qui on peut laisser derrière (il rit). Mais on va jouer pour aller le plus haut possible.

Individuellement, se mesurer à des coachs comme Sergio Scariolo (Bologne), c’est forcément quelque chose d’intéressant aussi pour vous non ?

C’est ce que je voulais ! Jouer l’EuroCup a pesé dans ma décision car c’est une nouvelle compétition, une belle compétition. Il y a 20 grosses équipes. Ce nouveau format est particulièrement intéressant aussi avec 18 matchs de saison régulière. Et oui, il y a des coachs de renom : les Zeljko Obradovic, Sergio Scariolo, etc. C’est évidemment super intéressant, c’est un challenge.

Il va falloir être prêt pour une saison marathon puisque 53 matchs officiels, au minimum, seront au programme…

C’est pour ça que l’on voulait dix joueurs et qu’il faut tous qu’ils intègrent qu’il y en aura pour tout le monde. Un jour, ce sera pour l’un et le match d’après, ce sera pour l’autre. De la fin octobre jusqu’à début avril, on va enchaîner tous les trois jours. Il n’y aura pas le temps de réfléchir.

Enfin, la JL Bourg n’a jamais remporté de trophée majeur. Ce serait une jolie façon de laisser votre nom dans l’histoire du club non ?

(il rit) En effet. Mais on sait maintenant qu’il y a deux locomotives en France qui sont l’ASVEL et Monaco. Quand on voit les rosters…  Sur un match, la Leaders Cup, la Coupe de France, pourquoi pas. Les playoffs, pourquoi pas aussi. Mais il ne faut pas se mettre de pression pour gagner un titre à tout prix. On ne s’en est pas mis avec Dijon et on l’a fait. Il n’y a pas de raison de s’en mettre à Bourg. Essayer de rester au contact de l’ASVEL ou Monaco serait déjà très bien. Mais après, bien sûr, on va jouer à fond afin de, pourquoi pas, s’offrir un trophée au cours des années à venir.

Alexandre Lacoste