Posté le 2 mars 2023 par La Rédaction

Rencontre avec le Bressan Fabrice Goll, directeur délégué aux sports France 3 Régions, diffuseur notamment du basket.

Pour vous, retransmettre une rencontre de la JL Bourg (face à Monaco le 12 février) représente forcément quelque chose en plus ?

D’abord c’était génial, quel match ! C’est ça le basket, des renversements de situation jusque dans les dernières secondes et une victoire de l’outsider, Bourg, sur le favori. Niveau audience, nous avons sur France 3 Rhône-Alpes réalisé 10,5% de part de marché. Cela représente 59 000 téléspectateurs en audience moyenne et 280 000 en audience cumulée avec France 3 PACA. Ce sont de très bons chiffres. Enfin pour moi, ça reste un match particulier. C’est chez moi ! Je suis attaché à ma région. J’étais très ému quand nous avons retransmis notre premier match de rugby à Verchère, USBPA contre Bourgoin, en plein Covid. Même chose à Ekinox avec la JL contre Le Portel à huis clos (1er mai 2021).


280 000 téléspectateurs sur France 3 pour la JL contre Monaco !


Quel regard portez-vous sur la JL Bourg ?

Ils ont monté un club incroyable qui fait référence en France. C’est un club modèle pour la ligue qui a réussi l’exploit de déconnecter ses résultats sportifs du financier en investissant dans une structure comme le 1055. Nous sommes toujours très bien accueillis à Bourg et les conditions techniques sont parfaites. Je ne vis plus ici, mais je ne sais pas si les gens mesurent que la JL fait partie des huit meilleurs clubs en France, pour une ville de 40 000 habitants ! Et puis ils ont tout compris en proposant un vrai spectacle en plus du match. On se croirait dans une boîte de nuit avec Arafat qui est l’un des meilleurs animateurs de France.

Combien de matchs de basket diffusez-vous ?

Le basket est le sport que nous diffusons le plus. Nous sommes passés de zéro en 2020 à 6 en 2021 puis 25 en 2022. Et là, nous en sommes déjà à 25 cette saison.

Comment choisissez-vous les matchs ?

Nous panachons. J’y tiens. beIN Sports, le diffuseur officiel, choisit Monaco, l’Asvel et Wembanyama (Levallois). Nous, la saison dernière, nous avons diffusé 26 clubs. Nous aimons bien les derbys qui font les plus belles audiences. Par exemple, le match Asvel-Bourg avait fait plus de 10% de part d’audience et 157 000 spectateurs en cumulé. Le basket, c’est le sport des villes moyennes et ça nous correspond bien à France 3.

Vous ne faites pas que du basket ?

Non, nous faisons de l’événementiel comme l’enduro du Touquet qui a fait un carton avec la plus grosse audience de l’année 230 000 en audience moyenne et 700 000 en audience cumulée sans compter le numérique. On fait aussi des jumpings ou de la pétanque et du rugby. D’ailleurs, le 15 avril, nous diffuserons USBPA contre Valence Romans. Mais notre feuilleton mensuel, c’est le cyclisme. Nous sommes partenaire de la coupe de France, et diffusons des épreuves comme le Tour de l’Ain. Au total, ce sont 113 directs de sport sur les antennes régionales en 2022.

Diffuser des sports permet de rajeunir votre public ?

C’est vrai, mais nous touchons tous les publics. Notre mission, c’est de donner de la visibilité à des clubs et à des sports qui n’en avaient quasiment pas. Et moi ce que je veux, c’est raconter des histoires. Les gens ont besoin de s’identifier à un club, à des joueurs, et d’être fiers de supporter une équipe.

Combien coûte une retransmission sportive ?

Ça coûte cher, entre 10 et 40 000 euros. Sans dévaloriser ce que fait LNB TV pour le basket, nous c’est une vraie production. Sur chaque événement, nous mobilisons 2 camions, 25 personnes, 2 journalistes, un consultant, un réalisateur, un opé ralenti, une prestation statistique…

Votre patronne est-elle satisfaite ?

Delphine Ernotte, PDG de FTV, Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes, et Philippe Martinetti, directeur du réseau régional France 3, sont à l’origine de cette politique pour plus de contenus de proximité. Et ils sont ravis que nos programmes sport trouvent leur public. Avec le basket, nous sommes sur une audience moyenne à 50 000 et 200 000 spectateurs en audience cumulée. Et ça sur deux antennes régionales. Pour le match Bourg-Monaco, nous étions sur Rhône-Alpes et Côte d’Azur. Et puis quand on fait un match, on fait un reportage la semaine, diffusé dans le 19h/20h qui sera vu par 400-500 000 personnes, plus des directs dans les journaux du midi et du soir, sur notre site et les réseaux sociaux. C’est du global média ! On vient en complément d’une offre sport puissante sur France TV. La même journée, vous pouvez avoir à 11 h les championnats du monde de ski, à 15 h un match sur France 3 en région et 17h du cyclisme en national.

Comment voyez-vous la suite ?

Aujourd’hui, nous avons deux fenêtres pour la diffusion : le samedi 15h15-17h05 et le dimanche 15h15-17h05. Nous ne pouvons pas prendre la place d’un programme qui fait de l’audience à 20h. L’idéal serait d’avoir une chaîne sport des régions sur les box comme Canal et BeIN. On perdra un peu de monde, car ce ne sera pas sur la TNT, mais nous pourrions créer des rendez-vous avec le meilleur match de hand féminin, de hockey… avec un horaire en soirée. Je suis persuadé que les gens nous suivraient. Pour cela, il faut trouver un peu d’argent (sourire)… car même si nous n’achetons pas les droits, ça demande des moyens de production importants.


Le parcours de Fabrice Goll

Fabrice a quitté Bourg à 19 ans pour rejoindre l’école de journalisme de Bordeaux. À 21 ans, il entre dans le réseau régional de FR3 où il effectuera tout son parcours professionnel. Un tour de France de Rennes au Mans en passant par Bordeaux… comme journaliste de terrain pendant 10 ans. Puis dans l’encadrement : 3 postes de rédacteur en chef adjoint (Rouen, Périgueux, Bordeaux) puis rédac’ chef à Rennes, Paris et Toulouse. Il devient ensuite directeur de France 3 Île-de-France et depuis janvier 2021 directeur des sports du réseau régio- nal de France 3. « Le poste que j’occupe n’existait pas. Ma mission, c’était de régionaliser les antennes avec des décrochages régionaux, notamment en développant le sport. Pourquoi le sport ? C’est un spectacle télévisuel, ça fait de l’audience, ça crée du lien avec le public et véhicule des valeurs positives. »