Posté le 30 janvier 2023 par La Rédaction

Pour eux, Monaco n’est pas qu’un lieu de villégiature ! À la rencontre des nombreux Bressans installés en Principauté pour y travailler.

Benjamin Ducongé : ce Bressan qui réveille Monaco !

«Bonjour Monaco ! » Il est 6 heures et sur fond d’hymne monégasque,
le Burgien Benjamin Ducongé, directeur des programmes et animateur, lance la matinale sur Radio Monaco. À ses côtés, Estelle, co-animatrice, et Nathalie, journaliste. Du golfe de Saint-Tropez à San Remo en Italie, ce sont plusieurs milliers d’auditeurs qui sont à l’écoute. « L’une de nos missions, c’est l’info mobilité (route et train). À Monaco, on circule bien. Le problème, c’est d’y arriver », souffle celui qui s’est récemment installé à Moneghetti, à mi-chemin entre la principauté et la France, et rejoint la radio à pied. Situés à une centaine de mètres du stade de foot Louis II, les studios de Radio Monaco sont dans un immeuble cossu appartenant à Gildo Pallanca Pastor. À des années-lumière des studios de Radio tropiques, rue Lazare-Carnot à Bourg, où son aventure a commencé à la fin des années 1990. Il rejoindra plus tard Radio Scoop avant de prendre la tête d’une radio associative, Radio oxygène, première radio consacrée à la « culture de la montagne ». En 2010, il entre à Radio Monaco en alternance avec la gestion d’Oxygène. Puis à temps plein à partir de 2019.

« Je me réveille vers 4h45. En arrivant, on fait un petit débrief et on attaque. On parle de l’actu de Monaco, d’infos pop culture, de sciences, et évidemment de l’actu autour de la famille princière… On a la chance de s’appeler Radio Monaco, donc nous sommes plutôt bien vus au Palais. On a régulièrement le prince Albert, mais les interviews sont toujours protocolaires et cadrées. Nous avions la princesse Stéphanie qui venait chaque mois pour une émission autour de la lutte contre le sida (association Fight Aids). Nous avons régulièrement son fils Loïc Ducruet pour ses nombreuses activités, par exemple président de la fédération de ESport, des actions caritatives…, Pierre Casiraghi, le fils de la princesse Caroline, très investi autour du Yacht Club. Nous avons aussi des rendez-vous économiques avec le Monaco Economic Board (l’équivalent de la Chambre de commerce et d’industrie). Et puis du sport, nous n’en manquons pas ici. Le porte-étendard, c’est le pilote de Formule 1, Charles Leclerc. Nous sommes tous ses supporters », explique Benjamin qui ne compte plus les émissions délocalisées dans des lieux magiques avec des invités prestigieux. Car Monaco, c’est une marque internationale, et la radio est écoutée dans 120 pays sur Internet. Ce qui a conduit aussi à la création d’une Radio Monaco made in New York qui s’adresse aux francophones de la grosse pomme ; le propriétaire Gildo Pallanca Pastor étant consul de Monaco là-bas. « C’est la radio d’un pays. Les opportunités sont innombrables et j’ai beaucoup de chance d’y travailler » considère, reconnaissant, Benjamin. Un Bressan bien ancré sur le Rocher.

Luc Jacquet : depuis Monaco, montrer le monde

C’est un local, né à Bourg en 1967 et élu Bressan de l’année en 2005 par l’Académie de la Bresse. Un grand amoureux de nature. Grand homme de cinéma, aussi. Celui qui, en 2006, décrochait l’Oscar du meilleur film documentaire pour La Marche de l’empereur, a créé voilà trois ans sa propre société de production : Icebreaker studios, installée à Monaco. Soutenu par le prince Albert, qui souhaite faire du Rocher un moteur de l’écologie, Luc Jacquet planche sur la création de plusieurs œuvres autour de la nature et de l’environnement. Il détient 100% des droits d’images et peut donc à l’envi décliner ses productions sur des supports complémentaires. Concrètement, la principauté investit 3 millions sur les 30 du projet dans son ensemble. Le reste est levé via des jetons numériques dits crypto-actifs, chaque investisseur étant rémunéré selon le succès des films. Le prince met donc la main à la poche pour les cinq films et deux prochains festivals du réalisateur ; façon pour Monaco d’élever le cinéma au rang de soft power et d’acter l’engagement du Rocher face au grand défi
climatique de notre ère.

Luc Jacquet est parmi ces grands noms qui mêlent talent et engagement. De chaque expédition dans les contrées du globe, il tire l’envie de les protéger davantage. Il montre, sensibilise et participe, avec ses films et documentaires, à l’élan mondial en faveur de l’environnement. Cette prise de conscience tardive mais nécessaire pour, ensemble, préserver les ressources et garantir l’avenir. C’est en mission comme scientifique que Luc Jacquet tient pour la première fois le rôle du caméraman. Un premier rôle désormais pour celui qui, par ses images, unit les mondes : ceux entre l’Homme, la nature et l’animal. Et fait du mariage entre art et science la base d’une pédagogie effective, accessible à tous.

Virginie Guillermin, le faste des palaces monégasques

C’est en pleine Bresse, à Marboz, que Virginie Guillermin a passé ses premières années. Et à Bourg, auprès de l’agence Voyage conseil et de l’office de tourisme, qu’elle a fait ses premières armes. « J’y ai suivi mes stages d’études en BTS Tourisme. » Elle y a été repérée, aussi, par la présidente du comité Miss Rhône-Alpes en personne. « Andrée Michon posait des affiches pour l’élection départementale et m’a suggéré d’être candidate… » Une idée qui a fait son chemin chez la jeune femme, « à
l’époque pas du tout intéressée par l’expérience !
», finalement élue Miss Pays de l’Ain et passée par le prestigieux plateau Miss France. Partie un an aux États-Unis après un premier poste à l’hôtel Ibis de Bourg, Virginie a souhaité rejoindre la côte – celles méditerranéenne puis normande, avant de redescendre au soleil – pour s’installer. Elle est entrée comme agent de réservation individuelle au resort Monte-Carlo Société des Bains de Mer, fleuron de l’hôtellerie de luxe à Monaco. Elle y officie toujours, mais désormais au siège comme assistante de direction.

Chaque jour, Virginie prend le train depuis Nice. « C’était impossible d’habiter sur place, les prix sont excessivement chers ! » La vie y est douce cependant, et les habitants accueillants. « Il n’y a que peu de vrais locaux, la plupart viennent d’ailleurs. » L’enfant de Bresse craint pourtant de vivre en ville, loin de la nature et du bocage. « Je ne suis pas citadine, et je ne le serai jamais ! » Ainsi revient-elle régulièrement sur ses terres pour, tradition oblige, revoir ses conscrits et faire la fête… « J’y retrouve ma mère et ma sœur, et la plupart de mes amis d’enfance. » Que d’instants chaleureux loin Virginie Guillermin le faste des palaces monégasques du faste monégasque qui, au fil des années, a su charmer la Marbozienne. « La ville est propre, on s’y sent en sécurité, les gens sont respectueux et très fiers de leur principauté. On ne retrouve pas ça en France ! » Une fois la retraite venue, Virginie tient à renouer avec la Bresse. « L’idée serait de revenir, tout en gardant un pied-à-terre à Nice, pour profiter de la douceur du climat. » Le charme du brouillard de Bresse n’aura pas complètement opéré !

Éric Échavidre à la tête d’une flotte de véhicules de luxe !

Tout petit déjà, ses yeux brillaient devant les belles voitures, le rêve en tête d’un jour en conduire une. Le rêve de l’enfant a fait le métier de l’homme… désormais à la tête de sa propre société de véhicules de luxe. Le jeune Bressan rejoignait la Côte il y a 30 ans. Avec, dans ses bagages, l’envie de voyager, rencontrer, découvrir. La maîtrise de plusieurs langues étrangères aussi, laquelle a permis une entrée rapide sur le marché du travail monégasque. Son poste ? Chauffeur de grande remise ; sorte de VTC. Chauffeur donc, puis dispatcher, General Manager et associé. À mesure qu’il monte en grade, Éric développe une plus grande résistance « au stress, aux changements permanents, demandes farfelues et caprices » de ses clients. Jusqu’à vouloir, à son tour, être seul maître à bord. Alors en 2010, il prend son indépendance et crée Cristal limousine. Un véhicule d’abord, puis deux, cinq, et maintenant neuf ! Des Mercedes Classe S 350d, Classe V 250, Classe E350e Hybrid et Jeep 4×4 Grand Cherokee que sa douzaine d’employés met au service des « grands de ce monde » : résidents du Rocher, banquiers, businessmen, membres du gouvernement monégasque, pilotes de F1… Une clientèle très exigeante, mais aussi très fidèle. « Certains me suivent depuis près de 20 ans. » La passion n’a jamais quitté Éric, aujourd’hui entrepreneur comblé. « Je sillonne l’Europe, rencontre chaque jour des gens venus de tous les continents, j’exploite les langues que j’ai apprises… Plus qu’un travail, c’est une mission de vie ! »

Stephan Levek régisseur privé pour une famille fortunée

3heures du matin dans une très belle voiture à Monaco. Non, Stephan Levek, qui a fait danser des milliers de Bressans, ne fait plus la sortie des discothèques et n’a pas, malheureusement pour lui, gagné au loto. Mais il lui arrive régulièrement de travailler tard, très tard. Depuis qu’il est régisseur privé pour une famille monégasque, ses journées sont bien remplies et sans aucun planning. « C’est à la demande et sept jours sur sept. » À Bourg, il était l’un des animateurs préférés de Radio 2 et de Radio Scoop après des débuts sur Mâcon 101. « Des Bressans, j’en ai effectivement croisé beaucoup la nuit. J’ai commencé en 1986 en résidence au Milord à Saint-Laurent-sur-Saône, puis en 1987 à Saint-André-de-Corcy, en 1988 l’Orangeraie à Bourg 6 jours sur 7 pendant 5 ans, ensuite des clubs à Lyon ou Annecy, et un bref retour dans l’Ain au milieu des 90’s à l’Archipel à Guéreins. J’ai arrêté la radio après la naissance de mon fils en 2001. Je vivais en famille à Crémieu. Quand mon épouse est arrivée au bout de son congé parental, il a fallu choisir entre une nounou ou papa qui travaille seulement la nuit. Le choix a été vite fait. J’ai passé du temps avec mon fils la journée et me suis consacré exclusivement à ma carrière de DJ en clubs… Et puis le hasard de la vie ! Ma patronne est une amie de mon épouse depuis les années 90. Elle partage sa vie entre Monaco et la Suisse. On passait la voir souvent à Nyon quand, un jour, à la fin de l’été 2010, elle était catastrophée. La personne qui occupait le poste de régisseur privé s’était mal comportée et elle lui cherchait un remplaçant… On en a discuté avec ma femme et je me suis proposé. C’est un poste qui nécessite une grande confiance. »

Stéphane part pour Monaco seul pour prendre ses fonctions et organiser le déménagement, l’inscription à l’école de son fils. Son job est multifonctions : chauffeur, sécurité rapprochée, gestion des intervenants sur la propriété, petites courses particulières, surveillance de la propriété, entretien du parc auto… Au fil des années, il s’intègre à la vie monégasque et son fils, après une scolarité exemplaire, est devenu Carabinier du Prince, plus jeune major de sa promo en 2021. « Et dès que j’ai un peu de temps, je profite du climat et des paysages exceptionnels pour rouler à moto et faire de la plongée », termine Stéphane, qui passe le bonjour à tous ses anciens amis bressans.