Douze ans pour fabriquer la réplique de la Yamaha RD05A, qu’il vient de vendre à un collectionneur japonais.
Malgré la retraite, pas question de rester les bras croisés pour cet éternel jeune homme de 74 ans ! L’œil vif, le sourire franc, le verbe facile : tel est Pietro Bufalo, toujours actif, avec comme moteur une passion vrombissante. Natif des Pouilles, le Transalpin est arrivé avec sa famille à Bourg-en-Bresse, dans le quartier des Vennes. L’école, ça n’était pas « [s]on truc », confie volontiers Pietro. Son truc à lui, c’est la mécanique, et plus particulièrement les deux-roues. « J’avais tout juste 14 ans que je montais, démontais, remontais les mob’ des copains du quartier. » Ce touche-à-tout est aussi talentueux pour la mécanique que pour les divers et nombreux métiers qu’il a pu exercer. Tantôt au quai à charger les camions de la société Tenoux, au vernissage aux Établissements Roset ou sur la ligne d’assemblage à l’usine Berliet. Après son service militaire, Pietro, appelé aussi Tony, passe et obtient son CAP Carreleur. Un métier qu’il exercera jusqu’à sa retraite. La journée de travail terminée, Pietro n’a qu’une envie : enfiler la salopette de mécanicien et rejoindre son atelier… qu’est en fait son garage. « Ma passion, c’est la préparation des motos et des kartings. J’ai travaillé à mettre au point la moto de François Rignanèse, qui fut un sacré pilote. J’ai préparé des kartings qui se sont illustrées sur tous les circuits en France, en Europe et même au championnat du monde durant la saison 1995-1996. »
Soirs et week-ends pour fabriquer sa moto
Son Graal n’était pas d’être pilote, mais de travailler à la préparation de la machine. « Une passion cultivée depuis ma jeunesse.» Pietro préparera pendant quelques années les motos de son frère Robert, brillant pilote. Il vit pour la moto du matin au soir, si bien qu’« en 2003, j’ai pris la décision de réaliser à l’échelle 1, la réplique de la plus belle et l’une des plus techniques des motos de l’époque : la Yamaha RD05A. Celle avec laquelle le pilote britannique Phil Read gagna le championnat du monde en 1968 ». Pietro suit les grands prix, les salons, les expos. Il obtient la permission de la voir et la photographier de près. De retour dans son atelier, il fait les plans et se lance dans la fabrication de ma réplique. « De 2003 jusqu’en 2015, j’ai passé mes soirées, mes samedis, mes dimanches, mes vacances à la fabrication de mon prototype. Je peux affirmer avoir réalisé cette moto de A à Z, j’ai juste acheté le compte-tours et les roues. » Une fois sa belle mécanique terminée, Pietro l’expose dans les salons spécialisés. Le concessionnaire local Pierre Chapuis, le met en contact avec Éric de Seynes, ancien pilote et surtout directeur de Yamaha Motor France qui, après examens et vérifications, valide son travail. Il peut enfin mettre le nom de la marque sur le réservoir de sa réplique. Douze ans de labeur pour cet homme totalement autodidacte ! « Ces années-là furent un vrai bonheur, du plaisir, même si parfois il y eut des moments de découragement. Mais j’ai toujours cru en moi et en mon projet », conclut Pietro avec la modestie et l’humilité qui le caractérisent, avec un petit pincement au cœur au moment du départ par avion le 25 mars chez un collectionneur japonais.
