Posté le 2 mars 2021 par La Rédaction

En hommage à l’auteur de BD Jean Graton, coup d’œil dans le rétro des 24 Heures du Mans 97. Didier Cottaz, le coureur de l’Ain pilotait la Vaillante numéro 13. Course héroïque, moment exceptionnel.

« Vrooooar ! », vrombissent les bolides dans une course à tombeau ouvert. Le numéro 13 s’extirpe du chaos de métal et franchit les damiers. Un beau gosse même pas dépeigné descend de la voiture frappée d’un « V » bleu-blanc-rouge. « V » comme victoire, ou Vaillant. Michel Vaillant. Le cultissime pilote de bande dessinée est orphelin. Son papa, l’auteur belge Jean Graton, est parti dans le décor ce 21 janvier. Le Bressan Didier Cottaz s’en souvient d’autant plus qu’il fut Michel Vaillant dans sa vie de coureur auto. Pas un acteur payé pour jouer à. Non, un Michel Vaillant véritable, au volant d’une vraie numéro 13 au départ de la 65e édition des 24 Heures du Mans.

David et Goliath aux paddocks

« C’était les 14 et 15 juin 97, raconte l’intéressé. J’étais chez Courage pour développer un nouveau châssis. On a monté le projet de la Vaillante avec Philippe Graton. Il voulait faire une surprise à son père pour les quarante ans de Michel Vaillant. Jean a dit que c’était l’un des plus beaux moments de sa vie, sinon le plus beau ». Gratton, Vaillant, Courage. Ces trois-là étaient faits pour se rencontrer. L’auteur, le héros et le constructeur, ce sont des David face aux Goliath de l’édition, des paddocks et des usines. Des structures familiales de proximité (Yves Courage est manceau) avec des moyens financiers limités mais un cœur gros comme ça. Plus, ce mix de talent, de panache et d’astuce qui plait tant au public. « Tout le monde connaît Michel Vaillant, poursuit Didier Cottaz. On l’a ressenti à la parade et à la visite des stands. Il n’y en avait que pour la Vaillante ! »

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La Vaillante, Jean GRATON, le V et le n°13. « La consécration de ma carrière ».
©Photo Philippe Graton

La remontada

La com’ c’est bien joli, mais le pilote de l’Ain n’oublie pas l’essentiel. « J’étais dans une équipe pour gagner Le Mans. Pas pour me focaliser sur la BD. Ce n’était pas un gentleman ! » On confirme. Courage engage quatre voitures. Il donne les clés de ses classiques C36 à des pilotes de renom : les Andretti père et fils, Pescarolo, Ekblom, l’héritier de Nina Ricci… Pour la nouvelle C41, la Vaillante n°13, confiance à trois « jeunots » aussi rapides que morts de faim : Didier Cottaz, Jérôme Policand et Marc Goossens. Ça a failli. Des pépins obligent à mécaniquer une partie de la nuit. Les MacGyver des 24 Heures trouvent la solution. Ils refroidissent le boîtier électronique en surchauffe avec le spray du kiné ! Après avoir perdu une heure au stand, la numéro 13 repart en 29e position mais gonflée à bloc. Sous les « hourras » du public debout, elle effectue une « remontada » digne de qui vous savez. 4e place. Dans le stand, les pilotent exultent, Yves Courage et Jean Graton se congratulent. Michel Vaillant a animé la course. L’aura du héros rejaillit sur Courage et ses virtuoses, tandis que l’étoile du Mans fait briller la BD. « Avec du recul, c’était un moment exceptionnel, conclut Didier Cottaz. Une aventure humaine passionnante ».


Le 13 porte-bonheur

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La Vaillante sort de la BD pour s’aligner au départ des 24 Heures 97
©Photo archives Didier Cottaz

« Le couronnement de ma carrière »

« Pour moi la boucle est bouclée. J’ai réalisé mon rêve dans la fiction. Et aujourd’hui la fiction rejoint la réalité ». Jean Graton en 1997, à propos de la Courage/Vaillante numéro 13. « C’est Le chiffre porte-bonheur de Jean Graton, note son fils Philippe. Il est rentré dans la BD un vendredi 13. « Le 13 est au départ » fut l’album le plus célèbre de la série. La Vaillante Courage porte le numéro 13, réalise le 13e temps des essais et se retrouve donc, sur la grille de départ, en 13e position ! Et la parade des pilotes se déroule un vendredi 13 bien sûr ! » Troublant aussi le rapport que le papa de Michel Vaillant entretient avec Le Mans. « Comme les 24 Heures, il est né en 1923. C’est ici qu’à l’âge de 13 ans (!), il découvre la course automobile avec son père ».

Et le 7 ?

Autre chiffre fatidique, le 7. Jean Graton découvre Le Mans en 1937 et publie la première planche de Michel Vaillant en 1957 dans Tintin. Le 70e album met fin à la série 1 en 2007. 97, c’est l’année de la Vaillante au Mans, avec au volant Didier Cottaz, né en 1967. Plus triste, 97 ans, c’est l’âge de Jean Graton à son décès.

La saga Vaillant

70 albums pour la série 1. Neuf autres pour la nouvelle. Sans compter les dossiers Vaillant et divers ouvrages périphériques. 25 millions de lecteurs.


Didier Cottaz
Né le 23 Mai 1967. Isérois d’origine, Bressan d’adoption.

didier cottaz
  • 1987 Champion international de karting (trophée Alazard)
  • 1989 Vainqueur Volant Motul Nogaro
  • 1991 Champion de France de Formule Renault avant exclusion pour carburant non conforme.
  • 1993 Champion de France de Formule 3
  • 1994 Création de Didier Cottaz Management (DCM), société destinée à gérer la carrière de pilotes pro. Aujourd’hui, agence 360 basée à Bourg avec quatre pôles intégrés, event, pub, show, travel.
  • 1994/1995 5e du championnat du Monde de Formule 3000 team de Jacky Stewart.
  • 1996-2002 Sept participations au 24 Heures du Mans.
    Meilleur place : 1997 – 4e avec la Courage C46, Vaillante n°13
  • 1997 Champion international de Sports Car.

©Photo haut de page : Bernard Bakalian