Posté le 3 novembre 2022 par La Rédaction

Le manager de l’USBPA veut continuer à structurer le club et assume ses ambitions.

• Vous sentez-vous désormais bressan ?
Cela fait 15 ans que je suis marié avec une Bressane et que je viens à Bourg, mais je me sens encore plus bressan aujourd’hui en étant acteur de l’un des 3 grands clubs de la ville.

• Si vous deviez changer une chose de la saison dernière ?
Le classement !

• À l’intersaison, vous aviez eu un discours très ambitieux : le regrettez-vous sur la forme ?
Non, car je ne cherche pas à séduire. Je dis les choses comme je les pense, avec honnêteté. Le club a fixé l’objectif de remonter dès cette saison. Puis de se maintenir et, dans les 3 ans, d’aller jouer un top 10. Enfin, dans les 4 ans – je serai sur la fin de mon contrat -, d’aller chercher un top 6. Ce qui a été mal interprété, c’était de dire que nous voulons être le premier club dans l’Ain. Mais j’ai lu aussi qu’Oyonnax voulait être le club numéro 1 dans l’Est. Qu’en pense le Lou ou Toulon ? Cette rivalité, ça fait partie de la magie du rugby. Ce n’est pas une question de manque d’humilité. Oyonnax a pris la place occupée auparavant par l’USB… Oyonnax était le chasseur et nous le gibier. Les rôles se sont inversés.

• Vous pensiez aussi dominer plus largement la Nationale…
Je reconnais avoir eu un petit manque de recul par rapport à ce niveau que je ne connaissais pas. Je m’aperçois que c’est très dense… Ce n’était pas un manque d’humilité. Si j’ai dit cela, c’est parce que j’ai confiance en mes joueurs et mon staff. Je sais la qualité et le travail qu’ils fournissent à l’entraînement. Après oui, j’aurais pu dire : « On descend mais attention, c’est un championnat difficile…» C’est le discours habituel, du politiquement correct… mais ce n’est pas moi.

• Globalement, vous êtes déçu de ce début de saison ?
Je suis frustré des contenus de match. Quand je vois ce que nous produisons à l’entraînement, le côté physique, le travail pendant l’été… Je n’ai peut-être pas suffisamment pris en compte le fait que certains joueurs ont connu 3 descentes. Psychologiquement, il faut l’évacuer pour qu’ils puissent se lâcher.

• Pourquoi la mayonnaise est-elle longue à prendre ?
Nous avons une mêlée conquérante et devant nous marquons sur maul. Nous sommes prêts car tous les joueurs étaient déjà là. Ce qui n’est pas le cas de nos lignes arrière. Le jeu offensif est deux fois plus long à mettre en place. Mais le premier fautif, c’est moi ! Et je ne dis pas ça pour me faire passer pour un bon mec. Si mes joueurs n’arrivent pas à avoir ce déclic en match par rapport à ce qu’ils font à l’entraînement, c’est que je n’ai pas encore trouvé les bons mots. Mais ça peut aller très vite. Il suffit d’une bonne action sur un match pour tout débloquer.

• Quand on a connu le très haut niveau comme vous, a-t-on du mal à comprendre que des consignes ou certains gestes techniques ne soient pas facilement réalisés ?
C’est vrai qu’il y a des choses qui nous semblent évidentes à réaliser avec le staff mais qui ne le sont pas forcément pour les joueurs. J’ai eu la chance de jouer avec des joueurs de très haut niveau et je suis aussi très exigeant. Il faut certainement que je mette un peu d’eau dans mon vin et que je m’adapte.

• Sélectionneur et manager, ce sont deux mondes différents ?
Oui, quand vous êtes sélectionneur vous n’avez que 26 joueurs sur des périodes courtes alors qu’en club, c’est du quotidien. Il faut prendre en compte l’environnement des joueurs. Il y a un côté social important.

• Jouer avec une équipe 100% bressane, c’est possible ?
La réussite d’un club, c’est son identité. Bourg a toujours eu des jeunes issus de la formation. Je n’ai pas peur de lancer des jeunes s’ils ont les qualités et font le travail pour. Je ne vais pas les faire attendre pendant 4 ans pour qu’ils jouent. Ils apportent de la fraîcheur mais il faut aussi accepter qu’ils fassent des erreurs. Pourquoi aller chercher ailleurs ce que tu as sous la main ? Je sais aussi que ça fait plaisir aux supporters et partenaires qui vont s’identifier à eux.

• Ne pensez-vous pas qu’il y trop d’argent dans le rugby amateur ?
On marche sur la tête, quand j’entends certains salaires en Fédérale 3 ou en promotion. Certains touchent plus que des joueurs de moins de 20 ans en équipe de France et qui jouent en Top 14 ! Il y a des joueurs qui préfèrent aller jouer en Fédérale 3 plutôt que d’aller en Nationale… Je ne veux faire la morale à personne, et les joueurs seraient bien bêtes de ne pas accepter de telles sommes, mais je suis inquiet pour la santé financière de certains clubs.