Posté le 14 juin 2022 par La Rédaction

Ce vendredi 17 juin, les meilleurs trailers ont rendez-vous à Oyonnax pour l’Ultra 01. Pour suivre cette épreuve, Magville, en partenariat avec l’organisation, parraine un coureur qui vous fera vivre ce défi sportif de l’intérieur. Sylvain, dit le traileur z’Ainz’Ain, va donc affronter pour la première fois l’Ultra 01. Il sera sur ligne de départ au côté de Casquette verte, vainqueur de l’épreuve l’an dernier et de la Trace des Maquisards. Sylvain retracera cette belle et longue aventure, de plus de 175 km et 8000 m de dénivelé à travers notre département de l’Ain. Un parcours qui sera bouillant, si l’on se réfère aux températures annoncées…

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Sylvain Gros, à gauche au côté d’Alex Boucheix, alias Casquette verte.

L’ultra 01, c’est quoi ?

Un événement outdoor spécialisé dans le trail running. La cinquième édition aura lieu du 17 au 19 juin. Plus de 1 400 participant(e)s seront au rendez-vous pour vivre la grande fête de l’esprit trail friendly. Quatre épreuves sont au programme cette année : l’Ultra 170, l’Ultra 100, le 65 km by Pays de Gex agglo, et le 45 km Tiger Balm® Marathon.

Ultra 170
Avec ses 7 500 m de dénivelé +, il offre un parcours majestueux entre crêtes et plateaux rocailleux. Les plus beaux chemins de trail running du département mèneront les coureurs vers les sommets mythiques comme le Grand Crêt d’Eau (1 621m) ou le Montoisey.
Distance : 170 km
Dénivelé : 7 500 m+
Départ : Oyonnax le 17/06/22 à 18 h
Arrivée : Oyonnax max. 19/06/22 à 16 h
Format : Solo ou relais 8

Ultra 100
Avec un départ de nuit le samedi 18 juin à 00h00, depuis le centre ville de Valserhône, il suivra le sentier de la Valserine en passant par les pertes de la Valserine, avant de rejoindre l’ascension du Crêt de la Goutte et continuer sur le même parcours que l’Ultra 170 jusqu’à Oyonnax.
Distance : 100 km
Dénivelé : 4 400 m+
Départ : Valserhône le 18/06/22 à 00 h
Arrivée : Oyonnax max. 19/06/22 à 16 h
Format : Solo

65 km by Pays de Gex agglo
Fièrement présenté par le Pays de Gex agglomération, il disposera cette année d’un parcours unique et exceptionnel, avec une partie au cœur de la Réserve naturelle nationale de la Haute chaîne du Jura.
Distance : 65 km
Dénivelé : 3 000 m+
Départ : Thoiry le 18/06/22 à 7 h
Arrivée : Oyonnax max. 19/06/22 à 16 h
Format : Solo

45 km Tiger Balm® Marathon
C’est à la fois accessibilité et défi ! Ouvert à toutes et tous, cette épreuve est privilégiée autant par les débutants que les coureurs confirmés !
Distance : 45 km
Dénivelé : 1 500 m+
Départ : Lélex le 18/06/22 à 9 h
Arrivée : Oyonnax max. 19/06/22 à 16 h
Format : Solo


Alexandre Boucheix, cet étudiant fêtard devenu ultra trailer

Vainqueur de l’Ultra 01 en 2021, Casquette verte est favori pour se succéder à lui-même.

Favori et rongé par le stress avant de prendre le départ de l’Ultra 01 l’année dernière, Alexandre Boucheix avait avalé presque un paquet de cigarettes. Vainqueur après 21 h 59 d’effort, l’ultra trailer parisien avait encore fumé, et bu une bonne bière, dans le stade Charles-Mathon d’Oyonnax. Cette année, celui que le monde de la course à pied connaît sous le nom de Casquette verte, ne fumera pas. Pour « éviter de mourir d’un cancer », il a arrêté il y a six mois. À défaut d’améliorer ses capacités sportives, cela lui a permis d’économiser 5 000 € par an ! Mieux, la tête d’affiche a réussi, à force de lobbying sur les réseaux sociaux, où il est suivi par plus de 60 000 personnes, à obtenir auprès des organisateurs des pastèques, en guise de ravitaillement.

3e en 2020, vainqueur en 2021 de l’Ultra 01 et en février dernier de la Trace des Maquisards, Alexandre Boucheix est encore favori de cette édition. « Sur un ultra, tempère-t-il, je pars du principe que je ne sais jamais ce qu’il va se passer. Je peux très bien tomber et me faire une entorse à la sortie du stade. Si je veux que cela se passe bien, je suis obligé de me dire que ça va être compliqué et que je vais devoir batailler. Si je suis trop rassuré, l’inverse se produit. Si cela se passe bien pour moi, logiquement je serai aux avant-postes. Mais quand on a gagné une course une fois, c’est difficile de revenir avec la même envie et le même mordant. En fait, la course ne va pas dépendre uniquement de moi, mais des autres, de la start list. »

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« J’étais tombé au fond du trou »

Après s’être blessé au pied entre Bourg et Oyonnax cet hiver, blessure qu’il a traînée jusqu’en mai, le « Parisi’Ain », comme il est surnommé ici, se sent mieux. Même s’il assure ne pas être à 100 %. « Si je ne me blesse pas d’ici là, ça va être cool, car je sais que je vais pouvoir passer un Ultra en partant sans douleur, et cela fait un moment que cela ne s’est pas produit, confirme-t-il. En plus, je connais la course, donc je sais à quoi m’attendre : il ne faut pas arriver blessé ni gêné. » L’été dernier, Casquette verte avait dynamité la course tout de suite, même si ce n’était pas la stratégie établie. « Après, je n’avais plus d’énergie, j’étais tombé au fond du trou. Et les 17 h suivantes ont été longues et compliquées. » Cette fois, le coureur arrive dans l’Ain « avec l’idée de ne pas partir trop vite, pour accélérer dans la nuit, voire le matin. J’aviserai sur place, en fonction des forces en présence, de la façon dont les autres vont courir. Ça ajoute du piment à la course. »

À 30 ans, Boucheix, qui enquille 1 000 km par mois et dispute une course mensuelle, considère l’ultra trail comme un jeu, une passion. Il y a quelques années, pourtant, une sortie d’à peine 3 km s’apparentait à une interminable souffrance. « Après mes études en école de commerce, j’avais un physique de lâche : je pesais 23 kg de plus, rembobine-t-il. Un collègue de boulot pratiquait déjà les courses longue distance. Il se la pétait à la machine à café. Moi, je ne croyais pas au fait qu’il courait 80 km. Je ne pensais même pas que ça existait. Ce collègue m’a pris sous son aile, m’a amené courir avec lui. Au début, c’était atroce, car je n’aimais pas ça, ce n’était que de la souffrance. Même quand je rentrais chez moi, que je balançais mes baskets en me disant  »Plus jamais », deux ou trois jours après, je repartais avec ce collègue, pour faire un tour, et c’était toujours aussi atroce. L’avantage de la course à pied, c’est que lorsque tu commences, tu progresses très vite. En dix sorties, j’ai vu la différence. » Après un semi-marathon puis un marathon (« Je me suis dit que j’étais une légende »), le Parisien, « buté et déterminé », découvre la longue distance. « Dans cet univers-là, j’ai découvert de la bienveillance, une belle ambiance, celle qu’il me fallait, savoure le double vainqueur de la Lyon-Sainté-Lyon. C’était accueillant alors que ce sport, c’est de la souffrance. J’ai adoré cette sensation de dépassement de soi, et le fait de me sentir vivant. »

Casquette verte, en référence à Forest Gump

Il court son premier ultra trail sur l’île de la Réunion et la mythique Diagonale des fous, à 25 ans, « au milieu de concurrents plus affûtés et plus concentrés que moi. Je me suis demandé ce que je foutais ici. La bascule s’est faite là, où j’ai pris la claque de ma vie, mais je venais de découvrir un truc aussi bien que la drogue, mais légal, en termes de sensations sur le corps. En plus, on m’a applaudi à l’arrivée. Or, quand je faisais la fête lorsque j’étais étudiant, le lendemain, on ne m’applaudissait pas et j’avais des regrets. » Aujourd’hui, le garçon écoule ses congés sur les courses.

Dans le sillage de sa progression, Alexandre Boucheix donne naissance au personnage Casquette verte, un grigri qu’il photographie chaque soir après sa sortie de deux ou trois heures et qui l’accompagne en entraînement comme en compétition. « J’étais président du bureau des étudiants, et j’organisais des week-ends d’intégration, où je distribuais des casquettes et des tee-shirts aux gens, détaille-t-il. J’avais le stock chez moi. La première fois que j’ai couru, j’ai pris une casquette verte, comme Forest Gump (elle était rouge), un personnage qui m’a toujours plu quand j’étais gamin. » Influenceur malgré lui, ce personnage « a permis à plein de gens de se dire :  »Tiens, c’est possible » », estime-t-il.

Chargé du développement des applications informatiques pour l’industriel spécialisé dans la publicité urbaine JC Decaux (sur la partie commerciale) en journée, le Parisien a adopté « la technique du hamster », le soir : « Je monte et descends les mêmes côtes. Cela me permet d’être au niveau, voire meilleur que les montagnards. Je travaille mon mental, et comme les côtes sont courtes, je reproduis en course ce que je fais à l’entraînement : je passe les montées en courant, alors que beaucoup marchent. Seuls soucis : ma technique et la descente. Pour cela, il n’y a pas de solution, car à Paris, il n’y a pas d’endroits où il y a des pierres et des racines. Et en descente, j’ai l’appréhension de tomber. En course, je double les autres en montée et je me fais doubler en descente. Le but du jeu est d’être le dernier à craquer. Donc globalement, je passe mes courses tout seul, car je ne suis jamais dans le rythme des autres. » Sa persévérance dans la course à pied lui offre le rôle d’ambassadeur de la marque Salomon, qui lui envoie des paires de chaussures aussi vite qu’il les use. En échange, le trentenaire livre ses avis aux techniciens de la marque employés au service de durabilité, recherche et développement, et prototypage. « Mais la marque ne m’impose rien. »Alexandre Boucheix pense néanmoins transformer son personnage d’ici deux ou trois ans, pour l’orienter dans « quelque chose qui a du sens, pour la bonne cause. » Il termine : « C’est trop chronophage, avec un tel niveau d’implication.La stat qui me fait mal, c’est que tous les 11 ou 12 jours, je passe 24 h de mon temps à courir. Je n’ai pas envie de cela dans le futur, mais d’avoir une famille. Dans la course à pied, j’ai déjà fait plus que ce que je voulais faire. » Et sans se prendre au sérieux.

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