Posté le 28 février 2024 par La Rédaction

Mardi 6 février à Ainterexpo, avait lieu la 7e édition des Rencontres du Leadership, organisées par la JL. Deux thématiques ont été abordées sous forme de table ronde : Quel impact votre management a-t-il sur la santé mentale de vos collaborateurs ? Et mieux vaut-il des « pas géniaux » solidaires que des génies solitaires ?

Santé mentale

Devenue centrale dans les nouvelles stratégies de management – celles sportive et entrepreneuriale -, la prise en compte de la santé mentale, décrite par la préparatrice mentale à la JL Anaïs Cote comme «un état d’harmonie interne», est un levier de performance à part entière. Elle consiste, pour le binôme de commandants au SDIS de l’Ain David Audisio et Sébastien Gobert, à «déconstruire cette croyance, selon laquelle les pompiers sont des superhéros. Il faut tenir compte de leurs forces, mais également de leurs faiblesses et peurs.» Fabrice Goll, directeur de France 3 en Nouvelle-Aquitaine, préconise quant à lui d’ajuster les curseurs d’acceptabilité. «Ce qui était tolérable à l’époque semble aujourd’hui complètement inadmissible. Valoriser les plus forts, quitte à délaisser tous les autres, ce n’est plus pensable. Il faut embarquer tout le monde.» Ainsi en va-t-il de la vision de Sylvain Ventre, ancien handballeur et producteur du documentaire Strong, aussi forts que fragiles, lequel aborde par l’expérience de 5 athlètes la question, restée longtemps taboue, de la santé mentale dans le sport de haut niveau. «On peut avoir un pépin physique, il sera pris en charge immédiatement. Mais une blessure psychologique, on ne peut pas en parler. Quand on est érigé en dieu vivant, on n’a pas le droit d’enlever sa cape…» D’où l’importance, reconnue par tous, d’être très attentif aux signaux de détresse chez ses collaborateurs. «Pour être reconnu comme leader, il ne suffit pas d’être bon dans son cœur de métier. Il faut être humain», résume Fabrice Goll. Soit, pour la préparatrice Anaïs Cote : «avoir d’indéniables qualités relationnelles, savoir s’adapter, déléguer, être intègre et visionnaire.»

Génies solidaires et solitaires ?

Le coach Fred Fauthoux a, le premier dans une vidéo d’introduction, partagé son opinion : «L’objectif, dans un groupe, est de faire cohabiter tout le monde. Mais l’on ne pourra pas décrocher un titre si l’on a 10 joueurs moyens. Il en faut 2 ou 3 qui sachent faire la différence.» Une dure réalité du haut niveau que confirme la basketteuse charnaysienne Monique Akoa Makani : «Dans les sports collectifs, il faut un groupe soudé, bien sûr, mais surtout quelques-uns qui sortent du lot pour valider des actions.» S’il est un solitaire – «mais génie non ! » précise d’emblée le modeste , c’est bien Kito de Pavant, le skipper parti mille fois sillonner les mers du monde entier. «On navigue en solitaire, mais il y a un gros collectif derrière. On entraîne beaucoup de monde dans notre sillage…» Le consultant Patrick Bois de dire lui son opposition aux mots du coach, en faisant valoir qu’«avant d’être en finale, il faut avoir une équipe». Que par conséquent, «mieux vaut faire progresser 90% des personnes d’un groupe que de n’emmener que 10% des meilleures». Une stratégie qui suppose de s’affranchir des cases pour identifier et mieux valoriser les talents de chacun. Quant à la délicate gestion des egos, Mustafa Curlu invite à privilégier une communication claire en amont qui donne une bonne compréhension des fonctions individuelles au sein du collectif.

«La vie est un choix»

Tel est le crédo du champion de judo, désormais chef d’entreprise et conférencier David Douillet, qui martèle que face au doute, il faut «rester ferme, ne pas se laisser déstabiliser, et se rappeler pourquoi on a fait le choix initial». Mais que pour autant, il faut savoir se remettre en question au fur et à mesure que l’on avance sur le chemin. Au gré des difficultés, des apprentissages. «Réorienter un choix n’est en aucun cas un échec. C’est au contraire la preuve d’une vraie souplesse, d’une intelligence…» Car pour l’athlète, «il n’y a rien de pire que de croire tout savoir». Aussi faut-il, selon lui, «toujours aller vers l’inconnu : c’est dur, mais ça fait partie de l’équation pour avancer».