Posté le 31 août 2023 par La Rédaction

Le Musée de la Résistance et de la Déportation à Nantua présente sa nouvelle exposition, La rafle du 14 décembre 1943, à découvrir jusqu’en février 2024.

C’est un jour comme tous les autres à Nantua. Au petit jour, un train arrive en gare depuis Bellegarde. À son bord, des policiers et soldats allemands, sommés d’arrêter 150 hommes âgés de 18 à 40 ans. Ce matin-là, Simon Pernod n’ouvre pas son commerce. Ce matin-là, Claudius Genet ne répare pas d’automobile à l’atelier. Ce matin-là, Pierre Perrin ne sert pas de clients derrière l’étal de sa boucherie. Comme tant d’autres, leur destin est empêché par la volonté d’une poignée d’hommes, conduits selon la haine d’alors et résolus à suivre aveuglément la hiérarchie. Les prisonniers sont chargés dans des wagons à bestiaux. La plupart sont déportés dans le mois qui suit jusqu’au camp de Buchenwald. « Raison donnée : arrestation par terroristes le 6 décembre de M. et Mme Payan qui ont été promenés une fois déshabillés dans les rues de Nantua et Oyonnax avec croix gammée dessinée dans le dos », écrit le préfet de l’Ain le jour même dans un télégramme adressé au cabinet du ministre de l’Intérieur. C’est en substance ce qu’indiquent les affiches placardées par les autorités allemandes pour justifier de leur action. Sur le total des hommes raflés et déportés, une quarantaine parviendront à s’évader…

Au musée
C’est par un hommage aux 139 hommes arrêtés, identifiés à ce jour par le musée que l’on commence la visite. Le parcours de plusieurs d’entre eux a été retenu et développé pour être présenté au visiteur et dire à travers eux la réalité de dizaine d’autres. Cinq portraits donc, dont chacun est mis en vitrine avec son matricule et quelques objets liés à la déportation. Une frise chronologique complète la visite avec le déroulé heure par heure de la journée. Un texte de l’historien et spécialiste de la période Gilles Vergnon vient dire le contexte de la rafle et sa suite d’intenses représailles dans l’Ain. Dans une salle attenante, sont diffusés des témoignages de personnages
touchés plus ou moins directement par l’événement. Ceux d’un élève raflé avec ses camarades, un apprenti arrêté et évadé du train, la femme du docteur fusillé le jour même…

C’était il y a 80 ans
Cette fin d’année, la Ville commémorera le triste anniversaire de la rafle. Un projet pédagogique a été mis en place pour l’occasion, auprès des élèves de Nantua. Collégiens et lycéens ont suivi ateliers et conférence, abordant bien sûr l’histoire et se formant tour à tour à la photo, l’écriture et au podcast. Leurs productions seront présentées dans la borne multimédia de l’exposition. Des panneaux seront aussi installés dans la ville courant décembre.

Musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua
Rafle du 14 décembre 1943. Parcours de vie
Tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 12 h
30 et de 13 h 30 à 18 h
Ouvert les jours fériés sauf le 15 août


Delphine Barré, nouvelle responsable
Mi-août, Delphine Barré prenait la direction du musée, apportant avec elle
son expérience comme doctorante et médiatrice culturelle au Mémorial de la Shoah, à Paris. « Le musée est à la fois mémorial et lieu d’histoire. Sa vocation est d’inscrire la Résistance dans le contemporain. » Amener
le visiteur à se poser des questions. Apporter de la nuance. Aider au développement de la citoyenneté. Plusieurs niveaux de lecture, pour déconstruire les idées préconçues et démocratiser la culture….

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