N’allez pas dire au parent proche d’une personne handicapée de prendre du temps pour lui ! « Ce n’est pas concevable, expose Anne-Laure Diochon, cheffe de service à l’Apajh de l’Ain. Toute sa vie tourne autour de celui qu’il accompagne, et c’est bien légitime. » La plateforme de répit s’adresse aux aidants. Soit les parents, conjoints, frères, sœurs… non professionnels – même si dans les faits bien plus compétents que quiconque -, investis dans l’aide au quotidien d’un enfant ou adulte en situation de handicap. Notamment ceux autistes ou en proie à des troubles d’ordre psychologique. « Souvent, ils ne se considèrent pas comme aidants ! Le rôle est pris naturellement, mis sur le compte de l’obligation familiale. » Et l’idée d’un recours à la plateforme n’est pas évidente… « Il y a ce sentiment de culpabilité, d’illégitimité à demander de l’aide. » La plateforme est là, pourtant, pour soulager, sinon orienter vers les bons interlocuteurs et offrir une bouffée d’oxygène. « Pour aider autrui, il faut d’abord être bien soi-même. » Ainsi les travailleuses sociales autour d’Anne-Laure aident-elles par leur écoute, leur bienveillance et leurs conseils, à bâtir une solution de répit adaptée. « Après un premier échange par téléphone à l’initiative de l’aidant, l’équipe se déplace à domicile et décide en concertation avec lui de la formule la plus pertinente. Ce peut être de la simple mise en relation avec d’autres organismes, comme du conseil dans l’aide aux démarches – notamment pour le montage des dossiers MDPH – ou l’organisation d’une prise de relais auprès de l’aidé pendant quelques heures. » C’est à l’aidant de faire la démarche s’il en ressent le besoin. « Changer les choses peut attenter à l’équilibre qu’il s’est bâti au côté de l’aidé. Bien sûr, on ne force à rien… »
« Et vous, comment ça va ? »
Se pose-t-on seulement la question lorsque jour après jour et sans relâche, l’attention est aux maux et besoins de la personne en situation de handicap ? « Non ! Mais nous, on la pose… » Ainsi la fédération Apajh a-t-elle conçu et adressé un questionnaire aux aidants pour établir, à partir de leurs réponses, une estimation de leur état de fatigue. « C’est un outil qui peut être déclencheur et pousser à solliciter nos services.» Une façon pour l’équipe de la plateforme de tendre la main, inviter à souffler et assurer : «C’est normal d’être épuisé… »
Apajh
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