Posté le 6 avril 2023 par La Rédaction

Laurence et Philippe nous ouvrent les portes de leur maison près de Bourg où meubles et objets ont été chinés.

18

L’Art avec un grand A, c’est la passion de Laurence et Philippe. La seconde main est une philosophie de vie. La chine un besoin vital. Laurence est une passionnée de brocantes, de vide-greniers, de magasins de récupération… Elle aime les objets qui parlent, les jolies choses chinées qui ont une âme, une histoire, et elle a à cœur de leur prêter une place toute particulière dans son petit paradis.

Laurence chine depuis qu’elle a 10 ans

Ses premiers objets, c’était avec son papa, maître d’œuvre et expert en bâtiment, dans les vide-greniers de l’Ain. « Rien ne se perd, tout se récupère ! » lui répétait souvent son père et Laurence l’a bien compris. C’est d’ailleurs lui qui a dessiné les plans de sa maison atypique et c’est à trois qu’ils les ont finalisés… Philippe, quant à lui, est ébéniste d’art de formation. Il a quitté ses parents à 16 ans pour aller se former en apprentissage en Côte-d’Or. Dans le travail de Philippe, on sent bien évidemment la passion du métier du bois, mais aussi une folle originalité. C’est en 2010 qu’ils construisent leur maison. Une maison livrée seulement avec la maçonnerie et la charpente ; tout le reste, c’est Philippe et ses amis du métier qui l’ont fait. La maison a été conçue autour des meubles, des portes chinées, des verrières industrielles, des objets atypiques qui ornent ce petit paradis et pas le contraire…

22

Ma visite

Quand on passe le portail et que l’on arpente le petit chemin qui mène à maison, ce sont les carillons en bois et zinc qui nous accueillent avec une douce mélodie. On rentre dans un espace-temps, une bulle, j’ai d’ailleurs perdu la notion de l’heure avec eux, à discuter de leur passion autour d’une table de salle à manger imposante en pierre de Comblanchien de Bourgogne fixée sur de grosses ossatures métalliques créées et montées par Philippe après avoir chiné la matière chez un ferrailleur.

21

Une maison hors du temps

Le rez-de-chaussée est constitué d’une grande pièce principale ouverte où se trouve le bureau de Laurence et Philippe, réalisé avec des servantes d’atelier, une ancienne planche de coffrage de maçonnerie et une plaque de zinc en guise de sous-main. Ce meuble trône dans le salon, positionné comme le poêle à bois, non pas sur un côté mais comme meubles emblématiques dans cet espace de vie où l’on trouve également le coin télé, musique et lecture et sa sublime table basse (faite avec une grosse planche en bois trouvée dans la rivière), la table de salle à manger et ses chaises dépareillées, son établi ancien, une cuisine ouverte qui rappelle un peu l’ambiance des bouchons lyonnais, ses étagères en zinc où règnent en masse des collections de pots en grès ancien et sa sublime pierre d’évier de ferme où Laurence brosse, rince et coupe ses légumes. Ce lavoir ancien fonctionne en doublon avec l’évier de cuisine. Une petite salle de bains et un petit salon de lecture baigné de lumière grâce à la verrière où il est bon de faire une sieste terminent les pièces du rez-de-chaussée.

« Tomber en amour devant un objet, prendre le temps de connaître son histoire, d’interroger le propriétaire, ne pas avoir peur de le dépoussiérer, de le nettoyer, de le gratouiller. »

Conseil de Laurence

Au milieu du salon et face à l’entrée, me voilà en face d’une pépite de la maison… l’escalier industriel et son énorme tag réalisé par un grapheur d’origine aindinoise, Neo Musty, qui couvre toute la hauteur du mur pour accéder au coin nuit. Trois énormes tableaux chinés chez Emmaüs et provenant d’un ancien presbytère accompagnent notre montée.
À l’étage, c’est dans les murs de la salle de bains que je dépose mon regard et toutes ces citations, laissées à la craie d’écolier, pour se souvenir du principal. La chambre de Laurence et Philippe est ornée de couleurs chaudes, un joli camaïeu qui nous fait voyager. La porte de leur dressing est une porte intérieure d’une ancienne maison de village chinée. La chambre de leur fille Lilie, qui est également une passionnée de décoration, décline des tons de beige, de gris clair et de lin. Cette pièce possède une petite terrasse qui surplombe la maison. Un grand miroir récemment chiné et piqué orne le mur principal de haut en bas. Une troisième chambre dite de chambre d’amis, termine l’étage. Ses persiennes anciennes d’un joli vert printanier en guise de tête de lit et le monticule de coussins faits maison donnent le ton.

20

L’extérieur vaut également qu’on s’y attarde

Philippe a chiné une serre chez un paysan bressan et l’a entièrement retapée pour en faire une pièce supplémentaire. C’est là que Laurence se pose pour bouquiner et boire son café au gré des saisons. Le jardin comporte plusieurs espaces pour déjeuner ou dîner, des espaces couverts ou ouverts ; tous ont leur utilité. Un petit coin trempette constitué d’un ancien abreuvoir à bovins en zinc semi-enterré et entouré de bois chiné ajoute une touche de vacances à ce lieu. Un bassin, des poissons, des dames-jeannes, un coin braséro, des arrosoirs en zinc, des pots de toutes tailles en terre cuite, en fer, en plâtre, des lettres industrielles, des carrés potagers habilement positionnés, des fleurs et des plantes à foison, des Legos colorés et cachés dans des murets pour remplacer des pierres tombées. Avant de les quitter, j’ai voulu savoir quelle pièce de la maison était leur « préférée ». Philippe a choisi naturellement son atelier. Laurence son jardin.

« Respecter l’objet, son origine et son histoire également afin de ne pas le détourner de trop. »

Conseil de Philippe
23