Posté le 6 avril 2023 par La Rédaction

Kevin Kokila est à la tête d’une trajectoire aussi atypique que météorique. Arrivé au basket sur le tard, le jeune pivot de la JL Bourg (21 ans) pourrait disputer la coupe du monde cet été avec l’Angola.

J’ai grandi à Saint-Cyr-l’École. Mon père était électricien, ma mère boulangère-pâtissière. J’ai eu une jeunesse normale : j’allais à l’école de 8h à 18h et le soir, je faisais du foot avec mes amis. C’était autant pour m’amuser que pour être avec eux. Mais quand certains ont commencé à partir en centre de formation, j’ai arrêté. Sans eux, je ne prenais plus de plaisir. Le basket est arrivé à 15 ans. L’année d’avant, je ne faisais pas de sport. Je n’avais plus trop envie. Mais un jour, je suis allé voir un match de ma sœur et j’ai kiffé. Au départ, je me suis inscrit dans un club de quatrième division départementale, l’AS Fontenay-le-Fleury basket, juste pour m’amuser. Je ne connaissais aucune règle, je suis parti de zéro. Quand je voyais mes coéquipiers dribbler, j’étais impressionné (il rit). Je faisais ça pour me dépenser, sans perspective, mais j’ai rattrapé mon retard assez vite. Après deux ans, je voulais partir en régionale ensuite, mais j’ai finalement rejoint les cadets France de Versailles.

« Si l’on m’avait dit ça il y a six ans, je n’y aurais jamais cru »

En décembre, lors d’un match contre Le Havre, je fais ma meilleure performance de la saison, sous les yeux d’un scout de la JL Bourg. Il m’a invité à une détection à Paris. Ça s’est très bien passé, Fred Sarre et Pierre Murtin étaient intéressés, mais ils ont fini par garder toute leur équipe car ils ont remporté le championnat. C’était normal qu’ils le fassent, mais j’étais déçu quand même car la JL était ma priorité.

Après, on m’a présenté le projet de l’Asvel et j’ai foncé. C’est à Villeurbanne que j’ai compris que j’avais un truc à faire dans le basket. Au centre de formation, tout est fait pour t’emmener vers le niveau professionnel. Au final, quatre ans après, me voilà à Bourg. La boucle est bouclée (il sourit). J’aurais pu arriver avant, mais ils ne m’ont pas lâché et je vais essayer de leur rendre la pareille. Sincèrement, je ne pensais pas que je me ferais une place aussi rapidement dans l’équipe. J’ai eu ma chance dès le premier match et le coach a vu que je pouvais apporter quelque chose à ce niveau. Il y a six ans, si l’on m’avait dit que j’aurais démarré une dizaine de matchs en tant que titulaire en Betclic Élite et en coupe d’Europe, je n’y aurais jamais cru. Ça prouve que tout est possible si l’on s’en donne les moyens. Ma vie est faite de bonds en avant. J’ai été là où personne ne m’attendait. Et la prochaine étape, c’est peut-être la coupe du monde cet été ! J’ai la nationalité angolaise par mes parents. J’ai fait le choix de jouer pour eux et j’ai connu mes trois premières sélections en février. J’ai adoré ! Ma mère a fait le déplacement à Luanda, j’ai revu mes oncles, tantes et petits cousins que je n’avais pas vus depuis des années. J’ai pu affronter de gros joueurs comme le pivot cap-verdien Walter Tavares du Real Madrid, ça m’apporte de l’expérience. Et maintenant, cela dépendra du sélectionneur, mais si je suis appelé pour la coupe du monde, ce sera magnifique ! C’est un rêve pour tout basketteur.