Posté le 28 mars 2024 par La Rédaction

Miriam, Esmeralda et Mayté, trois femmes mexicaines au parcours singulier, témoignent de leur nouvelle vie à Bourg.

Miriam Huerta : « L’intégration s’est faite naturellement »

C’est dans le cadre de ses études, il y a 23 ans, que Miriam Huerta est arrivée à Bourg. Originaire de Mexico, cette maman de 44 ans travaille au sein de la biscuiterie Bouvard à Ceyzériat. « Plus jeune, j’étudiais le français. L’apprentissage de la langue m’a tout de suite inspirée. Mon mari a obtenu une bourse de l’Institut français d’Amérique latine, et s’est installé en France. Je l’ai suivi et l’intégration s’est faite naturellement. » Après deux masters en sciences de l’environnement, et en langues étrangères appliquées à Valenciennes, Miriam sillonne les rues du département. « L’Ain est un coin familial. J’aime me balader et surtout cuisiner ! La bouillabaisse reste mon plat préféré. Ce qui m’a marquée la première fois, c’est cette rigueur, ce respect des horaires. Au Mexique, je déjeunais à 15 h, ici c’est entre midi et deux. » Des règles préétablies, parfois bouleversantes. « Je me sens en sécurité, je peux tout faire en une journée sans être dans les bouchons en permanence. Tout est à proximité, même si je regrette le manque d’ateliers créatifs pour échanger et apprendre avec les autres. » Car au Mexique, d’autres sentiments l’animent. « La chaleur humaine est très présente. Par exemple, si je suis perdue, on m’aidera sans rien attendre en retour. » Et même si elle ne se voit pas vivre à Bourg pour toujours, la Franco-Mexicaine profite de ses nombreux voyages. « Dans le cadre de mon travail, je suis souvent en déplacement, alors quel que soit mon atterrissage, la vie me mènera là où elle voudra. »

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Esmeralda Acosta rêve de bien parler français

En 2020, Esmeralda Acosta a posé ses valises en Bresse. La native de León fabriquait comme la plupart des habitants de cette ville industrielle, de la maroquinerie et des chaussures 48 heures par semaine. Au coeur du Mexique, la femme de 43 ans partage sa vie avec Pascal, Burgien d’origine. Ensemble, ils décident finalement de vivre en France. « Lorsque je suis venue à Bourg durant le Covid pour les vacances, les frontières sont restées fermées. Comme c’est une ville agréable, je ne voulais pas retourner au Mexique. » Depuis, Esmeralda apprend le français et s’adapte à cette vie, loin de ses proches. « J’ai rencontré des communautés latines, mais je me rends compte qu’ici, les gens sont beaucoup plus froids. » Maman d’une fillette de 7 ans, elle apprécie les nombreuses activités proposées. « La culture est accessible. Ma fille pratique le hautbois au conservatoire de musique. J’apprécie le fait qu’il y ait un apprentissage pour chaque chose. » L’architecture l’a également convaincue de rester. « J’ai découvert la cité médiévale de Pérouges, j’admire aussi le monastère royal de Brou. » Seulement, le soleil lui manque et les lois pour contrôler l’immigration sont souvent intransigeantes. « Même si j’essaye de vivre au jour le jour, la pression de l’administration pour mes papiers me stresse. Je n’ai pas encore trouvé de travail, mais je suis heureuse et c’est le principal. » Prochain objectif : passer son permis de conduire et intégrer un CAP Boulanger. « J’aime la pâtisserie française et le chocolat. Mon rêve serait de fabriquer du pain ! »

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Mayté Cortes Ordonez : « J’ai la chance de faire un métier passionnant en France »

Mayté Cortes Ordonez a grandi dans la région de Chiapas. Mais depuis 10 ans, elle côtoie les collèges et lycées de la région en tant que professeure d’espagnol. Un défi quotidien. « Au Mexique, j’étais institutrice, puis j’ai rencontré mon mari et je suis venue en France pour les vacances avant de m’y installer définitivement. J’ai appris le français et validé mes diplômes. Une période assez longue où j’ai trouvé la force de quitter ma zone de confort, de vivre et de survivre. » Lors de son arrivée en novembre, Mayté a bravé le froid. « C’est une sensation appréciable. En plus, au Mexique, il ne fait pas toujours chaud ! », sourit-elle. « J’observe la végétation, les paysages, la campagne, toutes les conditions étaient réunies pour que je m’y sente bien. » L’enseignante découvre alors des spécialités comme le poulet de Bresse ou encore le fromage, mais aussi la pétanque et la musique. « Parfois, il m’arrive d’écouter les chansons d’Édith Piaf, et de feuilleter le Petit Prince de Saint-Exupéry. » Et pour l’aider à mieux comprendre la langue de Molière, ses élèves l’accompagnent dans ce défi. « Mon accent et ma pédagogie attirent souvent l’attention. L’ambiance est sereine, la façon d’être est différente. J’ai la chance de faire un métier passionnant en France. Je dis souvent à mes apprenants qu’il est important d’avoir une ouverture d’esprit et d’être tolérant, car la normalité n’existe pas. Il faut connaître la culture, les personnes, le pays, pour comprendre un comportement. »

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