Comédienne, scénariste, parolière pour Johnny Hallyday, Florent Pagny, Maurane… Emmanuelle Cosso a également prêté sa plume pour la biographie à succès Pagny par Florent. Dans son dernier roman, elle aborde avec délicatesse la fin de vie où Bourg-en-Bresse tient une place de choix.
• Comment vous est venue cette idée de roman ?
Emmanuelle Cosso : « La fin de vie et le suicide assisté sont des sujets autant vertigineux que d’actualité où toutes les opinions sont intéressantes. Je suis très sensible aux thèmes qui agitent la société, car ils alimentent la réflexion. Je n’aborde pas le suicide assisté de manière frontale. Je suis tombée par hasard sur un article où différents acteurs de la fin de vie s’exprimaient. Notamment une directrice de clinique suisse où se pratique le suicide assisté. Elle racontait le cas d’un homme qui avait pris rendez-vous, mais qui a renoncé après l’avoir honoré. Il va ainsi revenir six fois avant de passer à l’acte au septième rendez-vous. Je me suis demandé ce que cet homme avait à régler entre chaque rendez-vous. C’est ma vision imaginée de ces interstices de vie avant l’issue finale qui est la trame du livre. »
• Pourquoi Bourg-en-Bresse tient-elle une place stratégique dans le roman ?
« Il me fallait une ville sur la ligne TGV de Genève qui pourrait être le berceau d’une grande entreprise où Éric Muller passe les dernières années de sa vie. J’ai regardé la carte et Bourg-en-Bresse s’est imposée. Je ne connaissais pas la ville et, un jour, l’Académie de la Bresse m’a invitée à sa soirée dédicaces pour le livre de Florent Pagny. J’y ai vu un signe. J’ai bien sûr accepté et, grâce à l’Académie de la Bresse, j’ai découvert cette belle ville. »
• Cette visite a-elle entraîné des conséquences sur le livre ?
« En parcourant la ville et ses rues, j’ai pris quelques notes et des photos qui m’ont permis d’apporter quelques corrections au roman. Ce qui m’a frappée, c’est que la chambre que j’occupais à l’hôtel ressemblait en tous points à celle où la narratrice se trouve à la fin du livre. On aurait dit que le réel et l’imaginaire se rejoignaient, c’était très troublant. Finalement, écrire un roman, c’est un peu écrire sa vie, avec des rencontres et des liens qui se créent et qui perdurent. J’ai rencontré à Bourg des gens très chaleureux et je retournerai volontiers à la prochaine soirée dédicaces de l’Académie de la Bresse en fin d’année. »
Avant de partir…
En lisant ce roman haletant, vous allez ralentir le rythme de lecture sur la fin pour ne pas quitter la narratrice Blanche qui enquête sur la vie d’Éric Muller, lequel a rendez-vous avec la mort au sens propre, puisque programmée dans une clinique spécialisée de Genève. Mais qui est vraiment Éric Muller ? Pourquoi reporte-t-il sept fois ses rendez-vous ? Qu’a-t-il à régler pour que ses vies plurielles lui permettent de partir serein ? Maîtrisant son intrigue avec talent, à l’aide d’une plume alerte et touchant au coeur, Emmanuelle Cosso signe un roman puissant, disant l’urgence avant la date fatidique, avec un oeil sur le passé de son héros et l’autre sur un présent qui le réinterprète sans cesse.
La dernière mort d’Éric Muller aux Éditions Fayard
344 pages – 21,90 €
