Posté le 31 août 2023 par La Rédaction

Déjà il y a 4 ans lors d’un voyage en Italie, l’idée nous était apparue de passer la frontière, taquiner les sommets de Slovénie. Cette année nous avons filé droit, reliant Bourg au Parc national du Triglav en une dizaine d’heures de route.

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Vue sur le Mangart depuis le sommet du KRN.

Les immat’ en « I » ont progressivement disparu pour ne laisser que les
« SLO »… et foule de vans venus d’Autriche, tout proche au nord, Belgique, France et Allemagne. Les quelques jours passés dans l’ouest du pays auront la couleur du ciel et des montagnes. Et le goût familier de randonnée, coups de soleil et Balisto fruits rouges. Ici comme ailleurs dans les Alpes, trouver un endroit plat sans personne pour dormir, idéalement avec vue (ça, c’est pour le petit déj !), relève de l’exploit. Les spots Park4Night écumés, il reste à explorer soi-même les chemins. Le premier soir nous mènera jusqu’en périphérie d’un camping, sur une piste en pleine forêt, au pied d’énormes pylônes électriques. Au calme. À tel point que l’on guettait les ours. Si ce
n’est celui de l’animal, c’est le grondement du tonnerre, les éclairs en stroboscope et la foudre, tombée à cinquante mètres, qui marquaient – à 4h30 – le début du premier jour sur place. Un rythme calé plus ou moins sur celui du soleil. Avec le reste des repas de la journée à 10h30, généralement au moment de faire demi-tour ou marquer une vraie pause ; 15h (d’arriver) et 18h (de dormir, quasi). Rincés – au bidon, à la fontaine ou la rivière -, selon l’opportunité du terrain. Et en place pour le départ du lendemain.

Premier jour, donc, dans la vallée dite « des sept lacs ». Une succession de plateaux qui, entrecoupés de montées sévères, offrent des plans d’une eau aux teintes folles. Vertes, turquoise ou bleu foncé, selon la teneur du ciel en nuages. L’orage – encore – dissuadera d’aller plus loin. La moitié du retour se fera sous poncho, avec du vent dans les voiles et la sensation mi-grisante, mi-terrifiante, d’être au milieu des montagnes en pleine tempête. Comme il manquait d’eau au programme, la journée finit au pied de la cascade Pericnik, réputée plus belle de Slovénie. Des escaliers jusqu’au premier bassin, d’autres jusqu’au second. Chaque fois, la possibilité de passer derrière, voir et sentir la puissance de l’eau jetée 50, ou 15 m plus haut. Autour, c’est Jurassik Park…

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La cascade de Pericnik

Écrin humide, le lendemain à nouveau, avec la visite des gorges de Vintgar à 7h30. Ciel, roche, eau et arbres en masse composent une palette tricolore. Les bleu et vert déclinés en mille nuances. Les passerelles suivent la rivière sur quatre kilomètres ; à remonter en fin de parcours à travers bois. C’est beau, mais très (trop) cher. 36€, entre le parking et les entrées (chiens autorisés mais payants), pour finalement 1 h de balade. Le tourisme continue autour du lac de Bled. Six kilomètres de plat pour voir sous tous les angles l’île des cartes postales et compter les bateaux qui, comme les gondoles à Venise, versent la foule à tour de rôle.

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Le lac de Bled

L’après-midi se passe en haut d’une série de lacets costauds, dans le village de KRN – prononcé Kurane. Dans un camping ultrasimple, mais tout confort. 24€ pour la nuit. Départ 6h, à temps pour n’avoir chaud qu’une fois en haut… La montée, accompagnée tantôt des vaches ou des moutons (chiens autorisés mais tenus), est récompensée par une vue 360° faisant office de repérage. Sur la roue en métal recensant les géants d’en face, la destination du jour suivant est évidente. Mangart. Des airs, on revient à l’eau. Au bord et jusque dans la froide et si belle rivière Soca. Un bijou fréquenté davantage par les kayakistes que les baigneurs, idéal pour terminer l’après-midi. Et se doucher.

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La rivière Soca

À cheval entre Italie, Autriche et Slovénie, la route menant au Mangart fait le bonheur des motards. Moins des moteurs. Il faut finir à pied, l’accès au bout ayant été fermé après d’importantes chutes de pierres. Deux itinéraires sont proposés. Le premier safe, le second typé via ferrata. Avec deux chiens dans les valises… on choisit la raison. Le plaisir n’est pas entamé pour autant : du rocher, du dénivelé, des vues sur les crêtes et les reliefs fondus à l’horizon avec un sommet depuis lequel s’élancent les parapentes. Le Mont Myon, en mieux. La redescente voit défiler en sens inverse des colonies de grimpeurs en baudrier, agrippés au câble. Et c’est tant mieux : l’itinéraire bis, libre et à flanc de falaise, est bien plus drôle.

Le gros de l’aventure, point d’orgue et point final du voyage, s’appelle Triglav. Ça commence à 5h, et c’est déjà un peu tard. Plus haut sommet du pays, il est un incontournable pour qui veut devenir « un vrai Slovène ». Alors soit. Des sapins d’abord, puis de la roche. Et de la roche, jusqu’en haut. Un dernier refuge accueille ceux qui, après une bonne nuit, achèvent l’ascension par une via vertigineuse. Casque et baudrier imposés pour quiconque veut s’y oser. L’équipement manque à notre panoplie, mais les crêtes alentour offrent un bon défouloir. Pas sûr, vu les mines défaites qui défilent au comptoir et s’écroulent sur les bancs du refuge, qu’aux déjà 25 km du trajet, il ait été possible d’ajouter l’aller-retour sur une même journée. Nous laisserons aux « vrais » la gloire d’être allés jusqu’au bout. Notre victoire est ailleurs.

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Le Triglav