Posté le 2 novembre 2023 par La Rédaction

Les 24 et 25 novembre, la famille Fornier sera honorée à Revonnas lors d’une commémoration pour rappeler son rôle dans la Résistance.

26
La famille Fornier à Revonnas. À gauche, Charles le père. Puis ses enfants, Hélène, Pierre, Go, Norvène (qui montre du doigt), Bob (debout), madame Fornier la mère, et le père Catherine.
Au centre, dans la brouette, Jacqueline la fille aînée de Bob

Il est 5h ce samedi 27 novembre 1943 à Revonnas dans le Revermont. Le silence de la nuit est soudainement brisé par l’arrivée d’automitrailleuses, et d’une trentaine d’Allemands de la Gestapo. Aussitôt, les projecteurs sont braqués sur la Grillette, propriété du maire Charles Fornier. En quelques secondes, la maison est assiégée. Cueillis dans leur sommeil, les occupants se retrouvent menottes aux poignets. Charles le père a 56 ans, Charles le fils dit « Go », 28 ans. Pierre, le cadet, n’en a que 19. Il est tombé dans les mailles du filet en voulant prévenir de l’arrivée des Allemands alors qu’il venait d’échapper à l’arrestation de son frère André, dit « Bob », bientôt 31 ans, à son domicile de Bourg. Deux amis, invités de la Grillette, sont eux aussi arrêtés. Jacques Payot, le fiancé de Norvène, l’une des filles de Charles Fornier, et Yvan Dupont. Au cours de la perquisition, l’Ennemi met la main sur des fils de parachute. Preuve suffisante pour embarquer tout le monde à la prison de Montluc. C’était il y a 😯 ans. Aujourd’hui, la commune et la famille vont rendre hommage à ces hommes qui ont œuvré pour la Résistance dans le silence et la clandestinité, et payé fort le prix de la liberté. Les 24 et 25 novembre prochains, à Revonnas, auront lieu l’inauguration d’une stèle, la mise en place d’une plaque commémorative sur les murs de la Grillette, une exposition organisée par l’Association pour la découverte du patrimoine et de l’environnement de Revonnas (Adper) et une conférence-partage menée par Marie-Paule Dussuc et Jean-Michel Mazuir, initiateur et coordinateur de ce devoir de mémoire. Enfant du pays, il est tombé, un jour de l’été 2016, sur un discours prononcé à l’occasion de l’enterrement de Bob Fornier, le 2 juin 1989, louant les mérites de la famille Fornier pendant la guerre. Intrigué, il s’est rapidement lancé sur les traces de ces héros oubliés. Voilà maintenant plusieurs années qu’il épluche documents, témoignages et faits historiques pour retracer la vie de ces hommes de l’ombre, et leur donner enfin une place dans l’Histoire.*

27
Les trois frères. De gauche à droite, Pierre, « Bob » et « Go »

Au programme :

➜ Vendredi 24 novembre à 20h, conférence suivie d’un pot offert organisé par l’association du patrimoine. Salle communale de Revonnas.
➜ Samedi 25 novembre à 11h, inauguration par la mairie de la stèle
puis de la plaque, en présence de la famille Fornier.
➜ Vendredi et samedi, exposition dans la salle communale.


Marielle Fornier retrouve 50 ans plus tard le pilote canadien !

Marielle Fornier, fille de Pierre, a encore des tremolos dans la voix en racontant l’incroyable histoire de Wilby Thomas. En 1991, elle a retrouvé la trace de ce pilote canadien dont l’avion s’est écrasé pendant la guerre au-dessus de Marboz. Il avait sauté en parachute après l’attaque de son avion par la Wermarcht. Il a atterri dans un arbre, une jambe cassée. Les Allemands qui l’ont récupéré, le conduisent à l’Hotel-Dieu. Considéré comme prisonnier de guerre, Wilby est placé sous haute surveillance. Mais, Bob prépare l’évasion. Elle est prévue un mercredi de grosse affluence. C’est une religieuse, la sœur Marie-Xavier qui distrait la garde. Bob récupére le blessé et l’emmène dans son camion de la Brasserie. Norvène, sœur de Bob, les attend à Ceyzériat dans une Simca 8 pour les emmener à Groslée dans le Bugey, chez le colonel Chevrier, cousin de la famille Fornier. À Ambérieu, une patrouille allemande les arrête, demande leurs papiers d’identité (Bob avait obtenu de faux papiers), et les laisse poursuivre. Ouf ! Wilby va rester deux mois dans le lieu de convalescence, se terrant le jour et marchant la nuit au côté de Pierre Chevrier. Puis il repartira pour le Canada. Un jour, longtemps après, la famille reçoit une carte : « Wilby bien rentré, merci ! » 50 ans plus tard, Marielle, installée au Canada, décide de partir à sa recherche. Norvène, sa tante donc, et Pierre, son père, aimeraient savoir ce qu’il est devenu. Norvène se souvient de son code radio et du nom de la province, le Nouveau-Brunswick, dans l’Est du Canada. Marielle appelle tous les Thomas de la Province un par un. Jusqu’au jour où…. « Le rouet marche bien » balbutie-t-elle en français à son interlocuteur, « et la patte de lapin est toujours dans ma poche » poursuit-il. Pas de doute, c’est Wilby ! L’émotion est intense, les larmes coulent… Ils promettent de se voir. Wilby s’éteindra avant leur rencontre.

28