Posté le 22 juin 2023 par La Rédaction

C’est une femme qui, la première, a l’idée d’en appeler à la solidarité civile pour parrainer les jeunes de l’Ain. Karène Ohana, assistante sociale de formation. L’initiative est inédite sur le territoire, et fait en 2021 l’objet d’un financement par le Département, dans le cadre de son plan Enfance 01. Elle est rejointe par Éva Landry, juriste, et Véronique Bertoglio, psychologue et, ensemble, elles composent une équipe développant en trois axes – à la demande du Département – les actions de l’association. Son nom : Les Enfants de bohème. Avec l’amour en point de départ, comme dans la chanson. L’envie, aussi, de s’engager. Trois terrains, donc, pour un dénominateur commun : le bien des enfants.

boheme 1
Lorène, Véronique, Éva et Karène.

Auprès de l’enfant, une figure d’attachement

« Le fil rouge de l’association, c’est de permettre la présence d’un adulte dans un rôle clé autre que celui des parents. » De trois façons distinctes : le parrainage de proximité, le soutien au tiers digne de confiance et l’accueil durable et bénévole. « Les personnes impliquées dans l’un ou l’autre des dispositifs sont bénévoles. Elles sont là parce qu’elles ont choisi d’être là. Ça change la donne… » L’équipe professionnelle donne des clés pour mieux comprendre le fonctionnement de l’enfant ; mieux répondre à ses besoins aussi… Optimiser l’expérience, dans l’intérêt de tous. « En apportant à l’enfant une figure d’attachement qui le suivra jusqu’à sa majorité, au quotidien ou quelques heures par mois, l’association lui offre un cadre sécurisant. Un repère, des valeurs, une belle complicité pour s’épanouir plus tard dans sa vie d’adulte. » Par le développement d’un lien exclusif, l’enfant est valorisé, confiant, armé pour avancer. Parrains, tiers dignes de confiance et accueillants sont reçus régulièrement pour, au côté d’autres, faire état de leur situation, partager d’éventuels questionnements, se rassurer aussi, car la construction d’une relation n’est pas innée, ni sans embûches.

Projet de vie

David Grondin-Mathon est l’un d’entre eux. Lui et son mari en qualité de tiers dignes de confiance, ont accueilli chez eux leurs deux neveux après le décès de leur père, la maman n’étant pas en mesure de les assumer ni subvenir à leurs besoins. « Ils ont mis très longtemps à se sentir chez eux. Ça n’est que depuis récemment qu’ils disent « On rentre chez nous » ». Les enfants, aujourd’hui âgés de 5 et 10 ans, ont tissé avec le couple un lien fort. Ils sont un repère fiable, solide, sécurisant. Eux n’ont pourtant pas été à l’aise dans ce nouveau rôle au départ. « J’ai deux grandes filles, mais jamais je ne me suis posé tant de questions qu’avec eux ! Quand ça n’est pas son propre enfant, c’est différent. » L’engagement, lui, est total. « On nous explique qu’il n’est pas nécessaire d’arrêter de travailler pour accueillir, mais… comment être pleinement disponible sinon ? C’aurait été présomptueux de les prendre sans arrêter. » C’est donc libéré de ses obligations professionnelles et résolu à accompagner au mieux ses neveux, que David a préparé leur arrivée. En proie au doute constant de faire bien et suffisamment pour eux. « Le changement est brutal pour tout le monde. Chacun a la pression ; les uns de pouvoir rester dans leur nouvel environnement, les autres d’agir correctement. » C’est épaulés par l’association que David et son mari ont peu à peu su adopter la bonne posture à l’égard des enfants. Appris à les considérer individuellement. « Ils se confient davantage dans les moments passés en tête-à-tête. » Une complicité qui, si elle pose les bases d’une belle relation durable, permet aussi au couple de mesurer l’ampleur des manquements dans l’éducation des enfants. Une réalité dont l’entourage, même proche, n’a pas conscience tant qu’il n’est pas directement impliqué. Depuis 2 ans et ½ qu’ils sont arrivés, les enfants rendent « au centuple ». Une reconnaissance inestimable pour David, en dépit des doutes et difficultés. « Ce n’est pas quelque chose qu’on bâcle ; c’est un vrai projet de vie. »

david
David.

S’engager auprès d’un enfant

L’équipe des Enfants de bohème recherche des parrains et accueillants durables et bénévoles susceptibles de donner de leur temps (partage d’instants du quotidien, balades, cuisine, etc.) pour un enfant âgé entre 3 et 18 ans. « C’est nous qui sélectionnons et assurons la mise en relation. Chacun a ses critères… Le choix, in fine, doit être fait en fonction de ce que la personne peut apporter à l’enfant. La rencontre fait le reste. » Des enfants sont en attente : quiconque souhaiterait s’engager à leur côté est invité à se rapprocher de l’association pour plus de renseignements.

Les Enfants de bohème
04 81 51 07 84 – contact@lesenfantsdeboheme.org – www.lesenfantsdeboheme.org