Posté le 30 novembre 2023 par La Rédaction

En 1991, Luc Jacquet partait pour sa première mission en Antarctique. Trente ans plus tard, il revient là où tout a commencé pour lui. Son dernier film Voyage au pôle Sud est une invitation au voyage au cœur d’une nature sauvage et grandiose.

« Les hasards du calendrier ont voulu que cet hiver 2021, j’aie effectué deux voyages en Antarctique. Un anniversaire ! J’ai réalisé que jour pour jour, il y a 30 ans, je partais pour ma première mission en terre Adélie. Depuis 1991, j’ai passé pratiquement 4 ans de séjours cumulés dans cette partie du monde. »

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Pourquoi une telle attirance ? « Le monde est si vaste… Les Anglais ont nommé cette addiction l’Antarctic Bite. L’immense majorité des voyageurs qui sont partis là-bas l’ont contractée, des premiers baleiniers-découvreurs en 1840, aux scientifiques, aux visiteurs qui fréquentent ces lieu de nos jours. Comme tous mes compagnons d’épopée polaire, je suis incapable d’expliquer par des mots cette addiction qui nous attire et réattire immanquablement vers ces terres pourtant si hostiles et éloignées. J’ai voulu partager ma réflexion sur cet étrange charme à travers une forme filmique très personnelle mêlant poésie et récit intérieur pour tenter de partager au plus juste ce curieux magnétisme, au plus près des émotions à destination de ceux qui n’auront jamais la chance (selon moi) de fouler ces terres extrêmes.. Comme l’aiguille d’une boussole, notre voyage est une ligne droite imaginaire qui démarre sous des tours mythiques et sauvages, les Torres del Paine en Patagonie chilienne, jusqu’au pôle, sommet et but de ce voyage. En réalité, ce voyage est un vagabondage, un florilège d’instants filmés sur des lieux emblématiques visités durant ces trente ans de fièvre australe, associés, au hasard, quand une lumière, une rencontre, décident de la halte et du déclenchement du moteur de la caméra. Nous nous sommes offert le luxe du « ici et maintenant » plutôt que les œillères de « là-bas à tout prix ». Parenthèse si rare pour une équipe de tournage qui a usuellement pour loi d’airain le respect de son plan de travail. On sait tous que l’intérêt d’un voyage ne réside pas dans l’accomplissement de son but, mais dans le trajet qu’il nous propose. »

Les manchots papous « On dirait des gamins en voyage scolaire ! Ils arrivent par centaines, tous en même temps comme s’ils avaient rendez-vous, c’est magique ! »

Les manchots empereurs « Ça fait des années que je ne les ai pas revus. Les retrouver là comme ça… Quel privilège ! Je les ai regardé vivre, des mois durant, les côtoyant tous les jours, fasciné par la beauté de leurs gestes et leur similitude avec nos propres tendresses. »

Le phoque de Weddell « Dans ce vide, je réapprends que chaque trace de vie est précieuse : c’est le temps des naissances ici, les phoques de Weddell quittent l’océan pour venir élever leurs petits dans de minuscules oasis de maternité. »

Le léopard de mer « Ce n’est pas banal, un bébé léopard de mer ! C’est la première fois de ma vie que j’en vois un et ce n’est pas faute de l’avoir cherché. Voilà où je trouve ma joie ici : dans ces rencontres fortuites… »

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Au cinéma le 20 décembre ; durée : 1 h 22

Retrouvez aussi Luc Jacquet
pour son exposition :
Terra Incognita,
rendez-vous au bout du monde
Musée des Confluences à Lyon
Jusqu’au 3 mars