Posté le 28 février 2024 par La Rédaction

Célia Pelluet, 27 ans, est docteure en physique quantique. Originaire de Jujurieux, elle figure parmi les 35 lauréates du prix prestigieux Jeunes talents L’Oréal-Unesco, représentant les femmes scientifiques dans le monde.

Marie Curie, Claudie Haigneré, Alain Aspect ou encore Ada Lovelace l’ont inspirée. Depuis son plus jeune âge, Célia Pelluet est passionnée par les sciences. Une vocation née dans son cocon familial, à Jujurieux, où l’Aindinoise regarde l’émission C’est pas sorcier, et se procure le guide des astronomes en herbe, Copain du ciel. « Mon père est kiné et ma mère infirmière, ce sont surtout mes professeurs de physique qui m’ont donné l’envie de faire ce métier. » Après un Bac S, la jeune femme intègre une prépa au lycée du Parc, à Lyon, avant de rejoindre le campus de Bordeaux et son Institut d’optique théorique et appliquée. « Je me suis intéressée à l’aérospatial autour des satellites, des stations spatiales en orbite autour de la Terre. En effectuant des mesures inertielles à partir de nuages d’atomes, j’ai découvert la physique quantique, une science que je trouve très belle. » Son domaine de recherche sur la physique de l’infiniment petit, et le principe d’universalité de la chute libre, l’a conduite jusqu’au Chili, au sein de l’Observatoire européen austral. En novembre dernier, la chercheuse soutient sa thèse et obtient son diplôme. « Je suis actuellement en CDD au sein d’un laboratoire de recherche. J’essaie de comprendre le fonctionnement du monde et de son univers, mais aussi les enjeux climatiques, tout en développant les aspects technologiques », confie-t-elle.

Féminiser et vulgariser les sciences

Compétitrice dans l’âme, Célia Pelluet tente encore de trouver sa place dans un milieu exclusivement masculin. « Le simple fait d’être différent dans un secteur où tout le monde se ressemble est déjà une difficulté. Ce domaine a longtemps été impacté par des biais de genre, selon lesquels les femmes n’étaient pas faites pour l’esprit logique et rationnel. Certaines ont même été invisibilisées. » Et même si les mentalités ont changé, le travail de la jeune physicienne est sans cesse remis en question. « Il m’arrive de recevoir des remarques inappropriées sur mon genre et ma physionomie, avoue Célia. De nombreuses femmes quittent les métiers scientifiques pour se diriger vers des professions plus féminisées. Donc soit on se plie à la fatalité, soit on décide au contraire d’améliorer le climat dans lequel on est, pour le rendre plus chaleureux et inclusif. C’est en tout cas ce pari-là que je souhaite faire. »

Enfin récompensée

Pour bousculer les idées reçues, la docteure intervient chez les scolaires avec des associations. « Quand on est une petite fille, on n’a pas d’exemple de femme scientifique. L’objectif est de leur montrer la diversité des métiers qui existent, et des personnes qui les pratiquent. » En mars 2023, dans le cadre des campagnes de vol Air Zéro-G en apesanteur, Célia Pelluet a rencontré l’astronaute Thomas Pesquet. « Lors de cette étude du champ de gravité terrestre et de ses expériences, Thomas pilotait l’appareil. Un moment aussi, où j’hésitais à poursuivre ma carrière. On se demande toujours si l’on est assez bon pour rester, assez intelligent, assez adapté au milieu. Il m’a surtout conseillé de suivre mes rêves. » Quelques mois plus tard, elle est récompensée par la Fondation L’Oréal-Unesco et l’Académie des sciences, parmi une centaine de chercheuses. « C’était un immense honneur de voir mes travaux de thèse récompensés, surtout dans le domaine de la physique quantique, une théorie assez méconnue. » Chaque soir, Célia Pelluet change d’univers pour se consacrer à son autre passion : la musique. « Je mêle sur scène humour et chant. À travers ces activités artistiques et créatives, je transmets des émotions au public et je communique. Je souhaite surtout apporter ma pierre à l’édifice pour la place des femmes en sciences, mais aussi pour la place des sciences dans la société. »

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