Posté le 31 août 2023 par La Rédaction

C’est la rentrée ! La jeune directrice se livre et dépeint une profession souvent méconnue. Un témoignage sous forme de journal intime.

Vicky. C’est le nom qu’a choisi Leslie Beguet pour le personnage de son livre. Le nom qu’on lui avait attribué plus tôt en cours d’anglais. « Je ne voulais pas que l’on puisse faire le lien avec les personnes, les situations, les lieux auxquels je fais référence. » Les médias aidant, elle parle aujourd’hui à visage découvert pour partager son quotidien et venir à bout des préjugés encore tenaces sur la profession. L’École de l’illusion, c’est d’abord un écrit personnel. Sorte d’exutoire pour celle qui, de son rêve d’être un jour professeure des écoles jusqu’à son poste de titulaire, n’imaginait pas tout ce qui l’attendait.

Envoyée au Pays de Gex

En joies, surprises et grosses désillusions. À commencer par le lieu d’affectation. « La majorité des jeunes diplômés sont envoyés dans le Pays de Gex, où personne ne veut aller. » Quiconque n’a pas de points n’a pas le luxe de choisir. Ainsi Leslie a-t-elle dû comme de nombreux autres se résoudre à s’installer à 2h de chez elle et rentrer chaque week-end. Vivant d’un côté dans l’attente d’aller de l’autre. « C’est un appartement de travail, rien de plus. J’ai le strict minimum en meubles et affaires… » Avec d’abord un emploi du temps partagé entre plusieurs écoles, Leslie parvient dès la deuxième année à obtenir un poste plein dans l’établissement où, malgré tout – et notamment grâce au soutien de son équipe -, elle s’est « éclatée ».

Préjugés sur le métier

Responsable d’une classe de primaire à double niveau, elle découvre les différents pans du métier qu’elle a toujours souhaité exercer. La gestion d’une classe, la pratique pédagogique… « les parents emmerdeurs », aussi. Car si l’on sait les remarques faciles et infondées – « Des journées qui finissent tôt, des vacances toute l’année, etc. » on sait moins la sollicitation constante des parents. Celle justifiée bien sûr, et celle abusive. « On n’imagine pas le temps passé à la préparation de classe, aux corrections, aux réunions en équipe pour élaborer des projets, aux rendez-vous avec les parents pour parler de leur enfant, aux formations, à la mise en place de protocoles, notamment sous Covid… en dehors des heures d’école proprement dites ! » Ni même la variété des rôles que chaque maître est tenu d’endosser. Car il faut à la fois transmettre, accompagner, écouter, rassurer, canaliser, négocier, éduquer parfois, sans avoir jamais le dernier mot. Ni face aux parents, ni face à l’Éducation nationale. « Il y a beaucoup d’attentes et très peu de moyens. » Une équation insoluble que Leslie et ses collègues ont palliée avec une solidarité hors norme et un gros travail de lâcher-prise. « Il faut apprendre à fixer de petits objectifs et se satisfaire de chaque nouvelle étape franchie avec les élèves. Même en faisant le maximum, on ne peut pas répondre au cahier des charges. Alors autant ne pas s’en rendre malade et relativiser. » La plus belle récompense restant pour la jeune professeure d’être utile à sa classe, et de noter en fin d’année tout le chemin parcouru ensemble. « Ils sont à un âge où tout est à bâtir… On a encore un rôle à jouer ! » Dans un métier boudé où il devient fréquent d’abandonner, Leslie a su trouver la force de continuer. Des difficultés rencontrées, elle a fait une raison d’avancer. Elle est aujourd’hui directrice d’école, à 15 minutes de chez elle. Et toute jeune maman ! Une raison de revenir à l’écriture, qui sait ?

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L’École de l’illusion
Éditions Spinelle
140 pages, 16 e
En vente à la Fnac
En dédicace au salon du livre d’Attignat, le 8 octobre