Posté le 27 septembre 2020 par Ghislain Gros

Pour trouver un trésor, il y a toujours une part de chance et d’intuition chez les découvreurs. Le site archéologique du Mont Châtel à Pressiat n’échappe pas à la règle. Nous sommes en 2005 quand Sébastien Calland, chargé de mission et responsable de l’office de tourisme Bresse Revermont fait des repérages sur le secteur pour établir un parcours de randonnée entre les trois monts où le Mont Châtel occupe la place centrale entre le Mont Myon et Montfort.

David est certain de tenir là, un lieu exceptionnel

En se baladant, il trouve un paysage irrégulier avec des plateformes et des anomalies du microrelief et commence à fouiller. Il est intrigué par la présence de tuiles romaines et de morceaux de céramique. Sébastien les nettoie, les prend en photo et trouve une association dans le Jura qui a découvert à peu près les mêmes choses. Il prend contact. Cette découverte fait immédiatement écho auprès de l’archéologue David Billoin.

david billoin
David Billoin, responsable scientifique de la fouille.

Ce dernier mène un travail de recherche sur une période longtemps restée dans l’ombre : les habitats perchés de la période mérovingienne. Deux jours plus tard, il est déjà sur le Mont Châtel. David est certain de tenir, là, un lieu exceptionnel. Il lui faut encore convaincre la Drac Auvergne Rhône-Alpes, le département, l’agglo de Bourg de l’intérêt majeur d’entreprendre des fouilles. David et son équipe entament une première campagne de fouille en 2016. Il en suivra cinq autres. Le site occupe la partie sommitale de la colline sur 1,2 hectare, selon une orientation nord-sud, et s’étage sur deux terrasses. Il faut compter une trentaine de minutes de marche sportive pour l’atteindre à travers la forêt. La plus haute (607 m d’altitude), d’une longueur de 160 m et large de 15 à 20 m, offre un espace relativement régulier sur lequel les archéologues ont découvert les vestiges d’un ancien établissement fortifié comprenant entre autres deux églises des VIe et VIIe, un édifice mémoriel ou encore des espaces d’habitat. « C’est un site unique qui nous a valu les honneurs de la revue de référence Archéologia en mars dernier. La présence de deux églises relativement bien conservées est exceptionnelle à cette époque et donne une ampleur toute particulière au Mont Châtel, lieu vraisemblablement lié à la christianisation des campagnes », explique l’archéologue. La première est une église funéraire. Le bâtiment affiche une nef quadrangulaire prolongée d’un chevet plat de 11 m sur 16 m, puis deux pièces annexes implantées de part et d’autre du chœur. La fonction funéraire des lieux est attestée par de nombreuses sépultures à l’intérieur du bâtiment.

mont chatel

Une autre église occupe l’extrémité nord de la terrasse, à une soixantaine de mètres de la première. De plan rectangulaire à chevet plat de 16 mètres sur 12 mètres, le bâtiment est composé d’une nef centrale flanquée de galeries latérales, une troisième constituant la façade ouest de l’édifice. La présence d’un autel est reconnue dans le chœur. Les anomalies du microrelief signalent d’autres bâtiments et aménagements notamment sur le versant ouest. L’ensemble des campagnes de fouilles a fourni un mobilier abondant et varié (faune, céramiques, récipients en verre et en pierre ollaire, une serpette en fer). Autant d’objets et d’histoires que vous pouvez retrouver au musée du Revermont dans l’exposition consacrée à la découverte et aux fouilles du Mont Châtel. Mais pour les plus aventuriers, une escapade en haut du Mont Châtel s’impose. Une invitation à un retour à l’époque mérovingienne et une vue magnifique sur le Revermont.

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Jean-Michel Treffort, protohistorien, a découvert un rempart, structure défensive plus ancienne que l’occupation sur le site, ainsi que des fragments de poterie, de la fin de l’âge du bronze, 1000 ans avant notre ère. Mais en fouillant plus profondément il a également découvert une pointe de flèche, indice d’une fréquentation néolithique du site.